" Ma chère Lucie,
J'ai reçu hier soir ta lettre qui a dû se croiser avec celle que j'écrivais à Marcel.Tu parais inquiète de nous d'après les tristes détails des journaux, notre quartier en effet a été bien éprouvé, et hier et vendredi nous pensions bien être obligé de quitter l'appartement, des amis devant le danger toujours croissant nous avaient offert l'hospitalité, mais heureusement ce matin l'eau se retirait un peu et cela continue lentement. Jamais je ne me serait figurée que des rues de Paris n'étant pas au bord de l'eau puissent être envahies de cette façon. La rue de Lyon depuis la gare jusqu'à notre petit bijoutier était un lac ainsi que toute l'avenue Ledru Rollin, la rue traversière et toutes les rues neuves, les barques font le service pour que les rares personnes qui sont restées puissent faire leurs provisions, ces quartiers n'ont plus ni gaz ni électricité le soir c'est d'une tristesse navrante. Les Parisiens ont eu un grand élan de charité et l'on a déjà pu soulager bien des misères. J'espère que le beau temps continue de vos cotés et que vous jouissez d'un beau soleil. Au revoir ma chère Lucie nous t'embrassons bien ainsi que Marcel et Paul et nous sommes contents de les savoir en bonne santé. Ta soeur dévouée. Louise Canot.
Nous avons de l'eau dans les caves jusqu'à la 6° marche."
Carte ici bien anodine par le contenu son information car la bibliothèque Forney dispose plus de 5000 cartes postales, et de nombreux documents écrits mais témoignage non négligable pour notre patrimoine , pour son coté intimiste,pour son phrasé. Profitez, chers lecteurs, de ces petits cadeaux familiaux.
Carte envoyée à Lucie Picquefeu et Edmond Canot, mes arrières grands parents..voici les joyeux ancêtres !
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