La première fois que j'ai demandé ce que signifiaient ces deux mots - je devais avoir six ou sept ans - on m'a répondu par la fameuse métaphore du verre à moitié plein ou à moitié vide. Qui résume tout, en quelque sorte.
Selon cette métaphore, il paraît clair que l'optimiste est le mieux loti des deux: tout en évaluant la réalité de façon objective, il s'en contente (au sens propre: il en est content), tandis que son collègue le pessimiste se désole de la même réalité.
Mais là où cela se complique, à mon sens, là où l'on peut trouver un brin de philosophie dans tout ça, c'est quand la réalité n'est pas aussi visible et claire que l'eau remplissant ce verre. Dans la vie, en effet, on est souvent optimiste ou pessimiste face au futur, incertain ; face à des situations pas forcément tangibles et/ou quantifiables. Est-on toujours un pessimiste quand la réalité finit par donner raison à nos prévisions noires? Est-on toujours un optimiste quand elle nous confirme au contraire dans notre joie de vivre?
Mais quelle est la position la plus souhaitable, au fond? Résumons:
L'optimiste a la vie plus belle, assurément, tant que tout n'est qu'hypothèse. Il a confiance en l'avenir, en les gens, en la situation, en lui-même, il ne s'inquiète pas trop et peut faire des projets joyeux.
S'il a raison: eh bien la vie reste belle!
S'il a tort: c'est là que le bât blesse, et que notre pauvre optimiste risque de tomber de haut, ou même, si vous me permettez de filer cette métaphore, d'avoir oublié son parachute, lui si confiant et ne se doutant pas un instant que l'avion puisse s'écraser.
Le pessimiste, quant à lui, a il faut l'avouer des journées moins agréables. Il passe souvent son temps à soupirer, à râler, à s'inquiéter du futur ; il peut même être méfiant, ne pas se faire confiance...
S'il a raison: c'est l'avantage d'être pessimiste, on ne risque pas de trop mauvaises surprises, puisqu'on s'attend déjà à ce que la vie soit moche. Et on est donc, logiquement, préparé, autant que faire se peut, à ces mésaventures (voir l'histoire du parachute ci-dessus...).
S'il a tort: eh bien là, il s'agit d'une bonne surprise, dont on peut profiter gaiement si l'on est pas trop atteint par le pessimisme.
Je ne saurais tirer une conclusion définitive. En fait, le mieux serait de grapiller les avantages de ces deux positions, en écartant autant que possible les inconvénients. Mais l'esprit ne se laisse pas toujours si facilement programmer...
Le risque peut aussi être de faire le contraire exact: s'infliger les travers de l'optimisme et du pessimisme, sans en tirer aucune leçon. C'est, selon moi, la définition du fatalisme: on voit les choses en noir mais on ne fait rien pour les changer, on attend qu'elles arrivent. C'est aussi le comportement de certains face à l'adversité, par exemple le réchauffement climatique: pessimiste parce que ça fait bien, mais continuant à penser in petto que tout ne peut que bien se passer...