Amitié(s)

Publié le 02 février 2010 par Alexcessif
LaFontaine de Hyacinte Rigaud 1660 Deux vrais amis vivaient au Monomotapa L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre Les amis de ce pays-làValent bien dit-on ceux du nôtre.Une nuit que chacun s'occupait au sommeil,Et mettait à profit l'absence du Soleil,Un de nos deux Amis sort du lit en alarme Il court chez son intime, éveille les valets Morphée avait touché le seuil de ce palais.L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peuDe courir quand on dort ; vous me paraissiez hommeÀ mieux user du temps destiné pour le somme N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?En voici. S'il vous est venu quelque querelle,J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous pointDe coucher toujours seul ? Une esclave assez belleÉtait à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ?— Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point Je vous rends grâce de ce zèle.Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru.Ce maudit songe en est la cause.Qui d'eux aimait le mieux, que t'en semble, Lecteur ?Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.Qu'un ami véritable est une douce chose.Il cherche vos besoins au fond de votre cœur Il vous épargne la pudeurDe les lui découvrir vous-même.Un songe, un rien, tout lui fait peurQuand il s'agit de ce qu'il aime.Jean de Lafontaine.