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Les harkis victimes d'un trou de mémoire.

Publié le 02 février 2010 par Harki45

Les harkis victimes d’un trou de mémoire…

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Mis en marge d’une guerre toujours niée, les supplétifs de l’armée française souhaitaient un sort moins funeste à leurs enfants et petits enfants.

Depuis quelques années, dans les cités, quand les enfants s’insultent, ils se traitent de harkis. Une avanie de plus, dont les supplétifs de l’armée française en Algérie ne s’étonnent  guère.

Les quelques 40 000 rapatriés de 1962 en ont déjà tant entendu. Témoins encombrants d’une période, dont la France n’est pas fière, ils ont longtemps été reclus dans des camps de fortune avant d’être dispersés un  peu partout en France pour se trouver en butte à l’antagonisme de la communauté nord africaine et traité par les autochtones comme des français de 3ème zone.

Comment pouvaient-ils s’intégrer dans de telles conditions ? Dans les camps et les cités d’urgence où ils se trouvaient regroupés, nos parents étaient totalement coupés du monde, d’autant que la majorité d’entre eux ne savait ni lire ni écrire ni même souvent s’exprimer en français.

On peut le dire et il faut le dire, l’existence même de nos parents a été niée. Leurs enfants ont été sacrifiés et leurs petits enfants tombent en pleine crise. Les mouvements  de protestation en cours ne sont pas surprenants. Allons-nous longtemps devoir supporter cette malédiction ?

Les 200 à 400 associations extrêmement divisées qui représentent aujourd’hui, en France, la communauté des familles de harkis, témoignent de la dramatique désorganisation d’une catégorie de population trop tardivement reconnue.

Voilà, quelques lois qui ont attribué à chaque famille une indemnité forfaitaire, dont les mesures ont été inadaptées. De nombreux harkis échapperaient au recensement par simple ignorance des démarches, ou parce qu’ils seraient incapables de justifier leur engagement au service de la France. La plupart ont tout perdu, famille, terres et maison. Ils se sont lourdement endettés en France pour assurer l’avenir improbable de leurs enfants et aujourd’hui, leur maigre retraite ne leur permet plus de rembourser.

La situation actuelle de la population harki a peu évolué, ce qui entraîne une certaine déception vis-à-vis de l’Etat. Selon les chiffres officiels, 70 à 80 % des enfants de harkis ont été en situation d’échec scolaire ou de chômage. De plus, ils sont fréquemment victimes de racisme et connaissent d’importants problèmes d’accès à l’emploi.

Aujourd’hui, il s’agit pour les enfants de harkis de défendre les droits de leurs parents, tout en gardant à l’esprit ce qu’ils ont vécu, mais aussi de regarder vers l’avenir et d’agir pour l’avenir, afin que les enfants de harkis et leurs descendants s’affirment citoyens à part entière, socialement, économiquement, politiquement.


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