Tentative d'alcoolisme - épisode 3

Elle est ensuite repartie, comme elle était venue. Sans mot dire elle aussi. Sans une explication, charge à moi de comprendre le pourquoi du comment et du quand. Elle aurait pu laisser un mot sur la table, m’expliquer deux ou trois trucs, pour ne pas mourir idiot…
Non, elle m’a juste planté là, comme un poivrot sur une chaise regardant bêtement son verre et sa bouteille vides en attendant de vomir, ou de sombrer pour les estomacs déjà éprouvés.
Le changement n’a pas été visible tout de suite. Toujours moi. Avec mes noirs dessins, ayant oublié mes desseins depuis toujours. La sensation d’un froid qui m’a traversé, vivement, et puis quoi ?
Je venais de commencer la chute, sans le savoir. LA chute, celle dont on ne parle pas, par honte souvent d’emmerder les vivants avec des histoires définitives. De peur surtout que les vivants s’éloignent, effrayés pas la couleur grise, transparente (presque) et triste de ma peau qui contraste bien trop avec leurs visages roses et leurs ventres replets.
Intéressant de mesurer la peine consensuelle, sa durée en tout cas, par rapport à la durée d’une vie entière, fut-elle de 10 ans. Intéressant de voir combien de temps la peine distante peut durer. Disons… 24 heures, voire 48 si le rappel au malheur de l’individu égaré dans les limbes a été suffisamment battu.
Et cette joie ! Cette joie égoïste de se dire sans vouloir se l’avouer : ouf ! c’est pas moi sur ce coup !
Il existe une problématique finalement facile à comprendre : la mort lente est une absurdité sociale. La douleur physique n’est rien comparée à celle de voir le couvercle en chêne se rabattre alors que le souffle est encore là. Mais il ne compte déjà plus, vous ne respirez plus pour les autres. Une date rayée très vite dans un agenda. On préfère toujours vivre près de la lumière que dans une cave. Je le comprends, je l’ai fait.
Mais j’avais plus mal que d’habitude…Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu