On ne peut pas “être” et “avoir été”

Publié le 05 février 2010 par Orangemekanik

En fait, je t’ai jamais dit, mais je suis déjà passée à la télévision. En fait. Une fois. En 1989. Sur FR3 Limousin. J’avais 25 ans. Avec mon ex mari, on avait fait un disque. Un 45 tours. C’était la mode des groupes à deux. Un gars. qui compose et qui joue du synthé. Une fille qui chante. En couple. En scène, comme à la ville : Niagara, Les Ritas… Peter et Sloan ?… Non ! Peter et Sloan je crois que c’était deux gars ! Tu dois confondre avec David et Jonathan. Ou Mécano ;0)

Nous c’était “Je Demain“. Un nom de groupe qu’on n’avait même pas choisi. Mais le producteur avait l’air tout content de sa trouvaille. Un peu comme Bruno Vandelli avec ses “Quadricolor” dans PopStar, tu te souviens ? Un flash. Pareil. Sauf que le notre il ressemblait à C. Jérôme. Notre producteur…

Quadricolors devenus « WhatFor », donc… Ce qui était beaucoup plus subtile, il faut bien le dire. D’ailleurs qui s’en souvient ?

Bref. Nous aussi on voulait la célébrité. On rêvait de succès. Mais pas la moindre aventure humaine à l’époque, pour attendre la gloire. Pas de vie de chateau ni d’école de l’excellence. Il fallait avoir du talent. Et on n’était ni Niagara. Ni les Ritas. Toute façon la Starac, je te l’ai déjà dit : j’aurais pas pu.  Je sais pas chanter. Déjà d’une. Et ils m’auraient réformée P4 c’est sûre. Puisque c’est la même année que j’ai fait ma meilleure prestation, mais dans un hôpital psychiatrique. Avec des gens très habités, aussi. Comme dans la Starac. Et qu’auraient chanté une orange sur la tête que personne l’aurait remarqué.

Et là je me foule pas. Je fais un copié-collé d’un bout de texte que j’ai déjà mis dans un de mes articles : « La rue c’est comme dans Koh-Lanta : sur seize, en même pas quatre mois il doit en rester un ». On est en hiver, ça tombe bien… Je me cite, donc : … Y’a autant de fous dans les couloirs d’un HP que d’artistes dans ceux de la starac, si tu préfères. Même si, en revanche, t’as plus de chances de devenir fou en faisant de l’HP une seule fois. Qu’artiste, même si tu fais dix fois la starac… C’est ma petite expérience loftienne à moi, on va dire : la vie en communauté, coupée du monde et entourée de psychotiques, c’est vrai que c’est un peu le même concept finalement, l’hôpital psychiatrique. Sauf que les caméras, là, elles sont dans ta tête. Et que y’a pas de piscine. Pas d’ébats aquatiques dans les hôpitaux psychiatriques. Toute façon t’as plus envie de baiser quand tu vas en HP. Pour te faire humilier, pas de profs. Pas de prod. Mais tu peux compter sur le personnel médical : Psychiatres, infirmières ou femmes de sévices… de service, pardon… c’est tout un travail d’équipe l’HP, pour que t’aie envie de tout défoncer. Pour le lâcher prise, c’est shoot obligatoire : piqures effet retard. Instantané. Ou à libération prolongée. Perfusions médico-légales, couleur Vidal, cent pour cent remboursées par la sécurité sociale, délires psycho-tropiques hauts en couleur… Les neuroleptiques, c’est automatique dans les hôpitaux psychiatriques. Très vite, tu finis par croire que t’es né là, à force !… Ben comme dans la starac ! (Fin de citation).

Ahlala !… Dire que j’ai failli être has been. Qu’à l’heure où je te parle, ça se trouve, au lieu de me lire, Emilie, ou de me parler sur FaceBook, tu viendrais me voir sur scène, aux côtés de mes collègues Désireless, Corine Charby, Thierry Pastor, Emile et Image, Jean-Pierre Mader, Rose Laurens… que des grands monuments de la chanson Française. Et que tu me demanderais peut être un autographe :0D
Dommage ! J’ai toujours rêvé de savoir c’était qui, Thierry Pastor. En fait. Ou si Jean Pierre François, c’était vraiment un footballeur, avant d’être un chanteur ? Demander à Désireless si c’était vrai qu’elle pétait dans son pull, pour se coiffer ? Dire que ça aurait pu changer ma vie. Qu’au lieu de traverser la rue pour aller à l’HP, puis de faire la même chose en sens inverse, j’aurais pu m’offrir une grande traversée du désert. Dire que là, de retour dans la lumière, j’écrirais peut être un bouquin. Dans lequel je raconterais mes mémoires de stars déchues des années 80^^

C’est drôle la vie. Quand même… Le Destin. Quand mon père s’est suicidé, je suis allée voir une voyante. J’aurais du allé voir un psy, je sais. Mais je venais de faire ce putain d’héritage. Ma mère m’avait dit “Ben putain !!! Il s’est pas foutu de ta gueule ton père cette fois…”, en voyant le nombre de zéros qu’il y avait sur le chèque. Cinq. Après un “5″. Cinq cent mille balles. quoi Un demi million. C’était grave de la balle. Pour l’époque. Et je lui en voulais pas d’être contente pour moi. Je lui en voulais juste de parler de lui comme s’il n’était pas mort. Mais ma mère est plus maladroite que méchante. Au fond. Et elle avait raison : il s’était pas foutu de ma gueule, mon père, cette fois… Il s’était juste foutu une balle…  Dans ce moment de solitude intense où je m’étais sentie un peu orpheline, du coup, tout ce que j’ai trouvé à répondre, c’est : “Oui mais ça fait combien de billet de 500, cinq cent mille francs ?”. Bref. Autant te dire qu’un psy, c’est pas ça qu’allait me dire si j’allais réussir à finir ma vie. Pour le même prix qu’une séance sur un divan, la voyante m’avait annoncé que non seulement je la finirai, ma vie, mais qu’en plus j’allais vivre de très belles aventures humaines. Et que j’écrirais un bouquin. Un jour!… Un bouquin!!! Et pourquoi pas me condamner à mort. Ou au couvent. Pendant qu’elle y était ! Heureusement que je l’ai jamais crue. Sinon je me serai flinguée direct. Disons qu’un livre, c’est pas ce que je rêvais de faire. Quand j’avais vingt ans. J’avais pas de rêve, je crois. Je crois même que je voulais rien être. Et ça tombe bien, tu vois : je suis rien^^ Et puis écrire.,ok. Mais écrire quoi ? Sur qui ? Et pour dire quoi ?

Pour rester en vie, j’avais donc préféré misé sur les belles aventures humaines qu’elle m’avait prédits. Des trucs hors normes.  Puissants. Des rencontres exceptionnelles. Avec des gens hauts en couleur. Et c’est vrai qu’à part à l’HP ou dans la rue, je sais pas où j’aurais vécu tout ça.  Peut être dans « La ferme célébrités ». Va savoir… Si mon disque il avait marché ! On ne peut pas être et avoir été. Dommage hein?… Quoi que : “Je Demain“. C’était peut être pas si con en final. Qu’est ce t’en sais que les “WhatFor“, ils auraient pas mieux fait de s’appelé “Quadricolor“, en fin de compte ? Mon avenir, il est peut être pas derrière, finalement^^J’espère juste qu’il est pas dans la chanson ;/D

Bref. Je l’ai numérisé. Mon disque. Ecoute, c’est mignon. Frais. Léger. Onctueux. Comme la vie dans les années quatre vingt. Ca sautille. Y’a du synthé partout. De la boite à rythme. Des clap en veux tu en voilà. Avec des sons typiques années 80. On entend même les grésillements du Vynil. Les CD ça commençait un peu, mais personne n’y croyait.

lhiver-au-bord-de-la-mer

Auteur compositeur : François Babin

Photo originale de Jean Pierre Le Nestour (parce que sur la pochette, ils l’ont un peu massacrée) ; Même la pochette, on l’avait pas choisie - j’espère que tu t’en doutais^^


Interview “Je demain” du 3 mars 89 sur Europe 1 - Top system D - par Jean Luc Delarue quand il était connu qu’à la radio

Mon ex mari il se la pète t’as vu? On dirait qu’il a pas du tout conscience que Delarue ne fait que son taf. Qu’il croit qu’il a vraiment craqué pour nous, t’sais? Moi je parle, mais je sais même pas pourquoi. Je me demande surtout ce que je fous là.  Et quoi dire? D’ailleurs promis : un jour je te raconte pourquoi j’ai épousé ce garçon. Je comprends que ça t’intrigue. Quelque part ;0) Mais au début il était sympa. Il avait même voter Mitterrand pour moi. En 88. Parce que je m’étais pas inscrite sur les listes. Et il avait même pas triché. Le pire. Puisque j’étais entrée avec lui dans l’isoloir. La dame elle nous avait même dit :

« C’est strictement interdit d’entrer dans l’isoloir à deux, jeunes gens. »

Mais bon. On était jeune. On était beau. C’était dans les années 80. J’avais pris la main de mon mari. Mon sourire le plus éloquent. Et j’avais dit :

« On vient d’avoir un bébé Madame. On est jeune marié.  Et c’est la première fois qu’on vote ».

Elle avait tout de suite compris qu’on était très, très amoureux.

Elle nous avait regardés. Tendrement. Avait dit :

« A voté »

Mitterrand était repassé.

Il m’avait toujours dit que ça le tuerait son père, si un jour il le découvrait. Et qu’il le déshériterait. Je lui avais toujours répondu :

« Mais non. T’inquiète. Il te déshéritera jamais ton père. T’es toute sa fierté. Et pis regarde : tu dis toujours qu’un jour, tu seras riche…».

Et c’est vrai qu’à part en passant chez le notaire, je voyais pas vraiment !!!

“L’hiver au bord de la mer” n’était pas ma chanson préférée. Elle avait d’ailleurs fait un bide total. La scène et le show biz, c’était le truc de mon mari. Pas le mien. Il avait donc décidé de s’y coller tout seul. De chanter. Le problème c’est qu’il se prenait pour Etienne Daho. Il parlait comme Etienne Daho, s’habillait comme Etienne Daho, bougeait comme Etienne Daho… Il se prenait tellement pour Etienne Daho qu’il croyait que “Le Flore” c’était de lui. Des fois je me demande même si c’est pas à cause de “Tombé pour la France” qu’aujourd’hui il se prend pour la réincarnation d’un soldat Américain.  Ahlala. Quand je pense que c’est moi qu’ai fini en HP. Bref. il comprenait pas que “Etienne Daho”, c’était déjà pris. Et quand Gérard Louvin lui avait dit : “Ecoutez jeune homme, un Etienne Daho on en a déjà un…”, tout juste s’il lui avais pas rétorqué : “Et qu’est ce que vous en savez que c’est pas Etienne Daho qui m’a tout pris !”. Aaaah ouais. Il est comme ça mon ex mari. Il aime pas qu’on le prenne pas pour Dieu. Il en a zappé pour moins que ça. Même. J’peux te dire

Pas véxé, mais un tantinet touché dans son orgueil de future star mondialement connue, il avait fini par accepter que la Société Glem produise “Les jours comptés”, la chanson que je préférais. Gérard Louvin aussi. Mais c’est moi qui devais chanter… (Oui je connais Gérard Louvin. Ca fait longtemps. Même. Du temps où personne, encore, le connaissait)^^ C’est lui qui devait nous produire. La deuxième fois. Adieu sosie de C Jérôme :’(

Hélas la folie me guettait déjà. Et j’avais fini à l’asile.

Je la mets à l’était de maquette.  Plus quelques unes. J’ai toujours préféré le temps où on faisait de l’artisanale, mon ex mari et moi. Les petits délires qu’on faisait chez nous. Dans son petit studio. Le show biz, c’est vraiment pas mon truc.

Les-jours-comptés

Tu-ne-me-la-feras-pas-deux-fois

DUO RIGOLO :

Toujours-au-bain-marie