Motivée comme jamais, j'étais donc à deux doigts de prendre un avion pour la Chine plutôt que d'aller à cette remise de diplôme. J'ai quand même réussi à me coller des insomnies et un mal de bide terrible les deux jours précédants la cérémonie. Faut être jetée quand même.
Donc ce fut long, rempli de discours et de blablabla. Sentiment constant de n'être définitivement pas à ma place dans ce type de milieu.
Et puis toujours et encore l'odeur et le goût du chômage qui planait pour la plupart d'entre nous, pour nos géniteurs inquiets mais quand même sur leur 31 parce que bon, vu l'argent qu'ils y ont consacré à cette école, ça méritait bien de sortir la cravate pour le champagne et les petits fours, même si lundi on retournait pointer chez l'ami Pôle.
Personnellement, je me suis évitée la corvée des parents. Gérer ces deux associables gauchistes et révolutionnaires, prompts à tout critiquer et à tout juger, j'aurais sans doute frôler la crise de nerfs avant même de monter sur scène recevoir mon diplôme. Au lieu de cela, j'ai heureusement pu emmener mon sage, mon sage à moi, qui m'a entouré d'un nuage de zen et qui fut d'une patience à toute épreuve.
Et puis tout de même contente de revoir certaines personnes, certains visages, certains sourires, certains parents même, croisés lors de week-end familiaux en province. Et en découvrir de nouveaux, ceux des "nouveaux" amis et les trouver charmants, dispo, prêts à s'amuser et à sourire. Se dire que ouais, de l'extérieur en tout cas des parents normaux ça existe. Se féliciter à nouveau d'avoir épargner ça aux miens. Sont pas mondains les miens, sont pas rôdés au jeu des conventions sociales, viennent de trop loin...
Par contre on n'échappe pas à la froideur et à l'ignorance de certains, au dédain et au mépris depuis tant d'années. Lorsque terrassée par une nausée à 3 h du matin, sans avoir pourtant rien bu, je méditais assise sur mon canapé de discothèque gay. Les mêmes tête de crétins, les mêmes couples merdiques, tellement surfaits, tellements vides à l'intérieur que je pourrais entendre l'écho de ma propre voix si je leur hurlais aux oreilles. Mais une pensée m'est venue et m'a collé un sourire aux lèvres : c'était la dernière fois que je les voyais ainsi tous réunis, avec leur tronche de fils-de, avec leur démarche de pouffe déjà défraîchie, grossie par des années d'open bar et de bouffes étudiantes.
Vous l'aurez compris, j'ai planqué ma déception de ces derniers mois derrière un gros tas de cynisme et je suis rentrée avant l'heure, attendant un taxi pendant des plombes, gelée en robe de soirée et talons hauts, me faisant accoster par tout ce qui peut traîner à 5 heures du matin en centre ville.
Mais voilà, c'est fait, je suis diplômée et j'aurai des jolies photos avec chapeau à pompon à montrer à mes enfants plus tard. Quelle mascarade !