La problématique mondiale de l'avortement : un complot contre la vie [3]

Publié le 05 février 2010 par Hermas




(...) Manifestement, les intentions du Président Clinton et de ses compagnons de route ne passaient pas par une telle exclusion [de l'avortement]. La raison en fut explicitement donnée par celle qui était alors le nouveau Secrétaire d’Etat, Madeleine Albright, indiquant que le contrôle des naissances dans le Tiers-Monde constituait une pierre angulaire de sa politique de promotion des intérêts américains. Certains membres du Congrès se montrèrent plus explicites et firent allusion à la nécessité de réduire la concurrence de main-d'œuvre bon marché sur le marché international (ABC, 16-02-97). Mais il ne faut pas croire que cette approche stratégico-défensive soit seulement née de ces dernières années, ou qu’elle ait été uniquement représentée par Clinton. Elle tire en réalité son origine du fameux “Document 2000” du National Security Council des États-Unis, adopté le 10 décembre 1974 par le président Gerald Ford, un document originairement secret, comme on le comprend aisément en raison de la dureté de son contenu, et qui a été dévoilé en 1990, grâce à la pression de quelques historiens qui ont été en mesure d'invoquer avec succès les lois sur le secret des document officiels. Ce document, textuellement, indique en certains de ses passages :

Point 19 : « Les facteurs actuels de peuplement des pays sous-développés présentent un risque politique et même des problèmes de sécurité nationale pour les Etats-Unis ».

- Point 30 : « Les pays qui présentent un intérêt politique et stratégique spécial pour les Etats-Unis sont l’Inde, le Bengladesh, le Pakistan, le Nigéria, le Mexique, l’Indonésie, le Brésil, les Philippines, la Thaïlande, l’Egypte, la Turquie, l’Ethiopie et la Colombie (…) Le Président et le Secrétaire d’Etat doivent s’entretenir spécialement du contrôle de la population mondiale comme un sujet de la plus haute importance dans leurs contacts réguliers avec des chefs d’autres gouvernements, spécialement des pays en voie de développement. »
- Point 33 :
« Nous devons faire attention à ce que nos activités n'aient pas, aux  yeux des pays en voie de développement, l'apparence de politiques dirigées par un pays industrialisé contre des pays en voie de développement. Il faut s'assurer de leur appui sur ce terrain. Les dirigeants du Tiers Monde doivent être mis en avant et doivent être félicités pour l'efficacité des programmes. »
- Point 34 :
« Pour tranquilliser les autres sur nos intentions, nous devons insister sur le droit des individus et des couples à décider librement et de manière responsable du nombre et de l'espacement de leurs enfants, sur le droit d'être informé et éduqué, et sur notre intérêt constant pour l'amélioration du bien-être du monde entier. Nous devons utiliser l'autorité du Plan Mondial de Population des Nations-Unies. »
J'ignore si ces éléments d'intérêt stratégique ont quelque chose à voir avec le fait que la première conférence sur la population ait eu lieu au Mexique, et la seconde en Egypte. Ce que l'on peut constater, en revanche, c'est que le Fonds
des Nations-Unies pour la Population est l'une des rares officines des Nations-Unies à voir croître ses budgets chaque année, financés à 50% par les Etats-Unis, et le reste par d'autres pays du Premier-Monde. En 1994, par exemple, il s'élevait à 246 millions de dollars, plus encore 1.000 millions pour des programmes destinés expressément à freiner la natalité des pays pauvres. Ses activités se concentrent sur la stérilisation, l'anticonception et l'avortement dans le monde en voie de développement. Cependant, sa plus éclatante mise en oeuvre, au cours de ces derniers temps, aura été la convocation de la très contestée Conférence du Caire, visant d'abord à obtenir que les pays destinataires des programmes antinatalistes contribuent financièrement à leur soutien.

Bien sûr, le Fonds des Nations-Unies pour la Population n'est pas la seule institution dont jouent les intérêts stratégiques des Etats-Unis : une grande parties de 385 millions de dollars que le Congrès Nord-Américain a accordés en février 1997 à la planification familiale dans le Tiers-Monde devait être acheminée par l'International Planet Parenthood Federation (IPPF), multinationale de l'avortement fondée au début du XXème siècle aux Etats-Unis (Brooklin, 1916) par Margaret Sanger à partir d'une clinique d'avortements. L'IPPF, d'autre part, a été très liée à la rédaction du document proposé - et heureusement rejeté - au Caire : le 31 mars 1994, par exemple, l'IPPF se vantait publiquement de ce que son président, Fred Sai, l'était également de la troisième conférence préparatoire, et de ce que la déléguée de l'organisation pro-avortement pour l'hémisphère occidental, Billie Miller, présidait le groupe d'ONG et le comité de planification. Elle ne disait pas, quoi que ce fût de notoriété publique, que Nafis Sadik, directrice alors du Fonds
des Nations-Unies pour la Population, avait travaillé antérieurement pour l'IPPF, tout comme le Secrétaire d'Etat adjoint aux Questions Globales des Etats-Unis, ancien directeur de l'IPPF à Denver. Associés à cette véritable "multinationale de la mort", il faut encore citer la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller, l'Alan Guttmacher Institute, qui dépend de l'IPPF, ou le Population Council, financé par le gouvernement nord-américain. Cependant, l'instrument peut-être le plus important du "lobby" antinataliste est la Banque Mondiale, dont la politique conditionne les crédits accordés aux pays pauvres en fonction du degré d'accomplissement des directives données par le Fonds des Nations-Unies pour la Population (à suivre).

Miguel ARGAYA ROCA