Boa Sr, la dernière personne a parler la langue Bo, s'est éteinte et avec elle un des plus anciens langages de
l'humanité.
On dit qu'un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle. Avec Boa Sr, c'est la bibliothèque, la grammaire, la sémantique, la langue entière qui est partie en fumée.
La dernière représentante du groupe Bo, une des dix tribus qui composent le peuplement indigène, survivant et farouchement isolé, des Iles Andaman, s'est éteinte le 26 janvier dernier à, probablement, 85 ans.
Elle avait connu les colons britanniques, l'occupation japonaise et même survécu au Tsunami de 2004, en grimpant dans un arbre. Sa mère était une Bo et son père un Jeru. Elle était elle même mariée à un Jeru comme le veut la coutume d'aller chercher son conjoint dans une tribu voisine, d'une autre langue.
Depuis la mort de ses parents il y a une quarantaine d'années, Boa Sr était la dernière représentante des Bo. Elle se sentait souvent très seule. Pas même les représentants des tribus voisines ne pouvaient comprendre son immense répertoire de chansons et d'histoires.
Boa Sr chante...
Tout au long de sa vie Boa Sr a fait preuve d'un grand sens de l'humour et son rire profond était contagieux.
Nos ancêtres devaient lui ressembler beaucoup... suppose le linguiste Narayan Choudhary, sur son blog. Elle avait compris facilement les principes de notre société notamment la notion d'argent mais réclamait avant tout, des ciseaux, des lames de rasoir et des biscuits.
Les linguistes estiment que le groupe de langues spécifique des iles Andaman daterait d'environ 70.000 ans ! Découvrez les sonorités du fond des ages sur le site VOGA (Vanishing Voices of the Great Andamanese), des exemples audio sur la page Dictionary.
BBC et The Guardian, via Wiki