Magazine Journal intime

Un café sans sucre

Publié le 09 février 2010 par Khanouf

C’est une histoire réelle racontée brièvement, transcrite d’un trait, postée pour lecture à l’intéressé avec l’espoir de ne pas essuyer un refus de publication. C’est le récit d’un mensonge préparé, d’un viol bien pensé, d’une confiance, d’une intimité, ni plus ni moins, le voici :

« Un matin de repos dominical à la terrasse déserte du café, après qu’une forte ondée ait fini de chasser tous les attablés, nous nous assoyons non sans avoir essuyé avec des kleenex les chaises mouillées. Le bavard serveur arrive avec ces tasses de café, et seuls nous profitons, sous un beau soleil, pour un échange spontané et rare. Et pendant que le ciel continu de se dégager au dessus de nos têtes, sans détour il me confesse une récente mésaventure. Il avait un site perso dont j’ignorais l’existence d’ailleurs, et une identité virtuelle montée de toute pièce pour meubler en toute quiétude son journal intime. Il n’avait besoin d’un quelconque contact réel, nulle envie, il se racontait, se défoulait, dégueulait, bref publiait et partageait. Pourtant un jour quelconque, une anonyme qui allait bientôt prendre forme, une personne faisait son entrée dans son univers avec un message, suivi d’autres messages, un mail suivi d’autres mails, et le voilà tendant le cou de derrière son écran pour sortir du noir. Il n’avait de gêne avec son aspect extérieur, il le vivait, était même bien dans sa peau, il plaisait à ses proches, ils s’en accommodaient peut être plaisanta t-il d’ajouter ! Dans les échanges qui s’accéléraient, ses réponses à elle collaient de plus en plus à ses préférences à lui, coïncidaient avec ses peurs, faisaient mouche avec ses attentes, faisant tisser des rhizomes, un maillage…Il ne s’est jamais senti Quasimodo jusqu’au jour où, après moult insistances, il a cédé au champ de la sirène, accepté de sortir de derrière son paravent, faire un pas hors de l’ombre qui n’en ai pas une, pour aller à sa rencontre… »

Avant de payer et partir chacun de son coté, je n’ai pas résisté au caprice de poser la dernière question : Ne prends-tu pas ton café d’habitude sans sucre ? …


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