Mission accomplie : depuis jeudi dernier nous louons désormais un charmant Siheyuan près de Nanluoguxiang. J’aimerais vous en faire partager l’atmosphère chinoise, propre et douillette.
Dans le cadre d’une anticipation comme seul le virtuel en permet, je vous convie à un tour (ébouriffant) du locataire (ébouriffé): tickets virtuels, photos non-contractuelles, garanti 100% pas vraiment authentique. Juste une règle : ne touchez pas les bibelots, ce sont des bijoux de famille.
Déjà, ce n’est pas facile à trouver. C’est important pour une jolie maison ; si vous voulez un peu de tranquillité, il ne faut pas que les gens vous trouvent trop facilement. Statistiquement parlant, il faut s'égarer entre trois et sept fois avant de la trouver. L’endroit le plus judicieux pour se perdre à cette fin est le dédale de ruelles sinueuses qui s’étend à l’est de Houhai, entre la Tour du tambour et la Colline du charbon. Guidez-vous au son du tambour et à l’odeur du charbon. Si vous êtes chanceux, un panonceau vous annoncera la rue du Manteau de Paille (Suoyi hutong).
Un couloir donne sur une petite cour carrée, de superficie suffisante pour que 7.34 personnes y prennent le thé de manière confortable, ou pour que 13.2 personnes/7.35 Américains/28.99 Chinois y sirotent un cocktail en discutaillant de choses et d’autres. Les esprits les plus avisés remarqueront que ce Siheyuan n’est bordé de pièces que sur trois côtés, ce qui théoriquement fait de lui un Sanheyuan. Enfin, ça ne casse pas trois pattes à un canard.
Face à vous un séjour lumineux. Le nombre de chiffres sur la facture de chauffage correspond au nombre de ces petites vitres en lesquelles se morcelle la grande baie vitrée qui couvre trois côtés de la cour. Je vous laisse faire le calcul et l’envoyer à mon banquier. Vers la droite, ma chambre. Du côté droit, la cuisine. Du troisième côté, la chambre de Christian. Entre les deux, une salle de bain qui a gagné en 2009 le prix de la plus exiguë de Chine et de Navarre.
Alors on nous a fait beaucoup de promesses. Elles ont toutes trois choses en commun :
- elles embellissent/rendent vivable notre Siheyuan,
- elles engagent une dépense de la part de notre propriétaire,
- elles restent à accomplir.
Vous me direz que le principe d’une promesse n'est pas d'être tenue, mais j’aimerais quand même que nous ayons de l’eau. De l’eau courante. De celle qui gèle dans les tuyaux. Comment cuisiner un risotto sans cela ? Comment diluer son whisky ? Privé de l’essentiel, l’homme reste-t-il homme, ou devient-il une bête ?
Derrière les baies vitrées que frotte énergiquement une ayi, trois ouvriers tirent un tuyau de caoutchouc, fragile ersatz d’oléoduc à or blanc.