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Ged marlon est un con

Publié le 10 février 2010 par Emma Falubert

Ged Marlon  est un acteur et Ged Marlon est un con. Ged Marlon est un con parce que Ged Marlon est un acteur/auteur trop discret. Ged Marlon est un con parce que, dans le cadre de la lutte contre l’esprit de sérieux et la gravité des temps modernes, tout le monde y gagnerait à ce qu’il soit plus connu et aussi reconnu, du plus grand nombre. Parce qu’il en a fait du chemin, le Ged Marlon, sans embêter personne, comme ça, à coup de spectacles Solo, de « simple froncement de sourcil » et autre « comédie fluviale ». C’est vrai que depuis les Aviateurs, il s’en est pris des heures de vol ; Vol de nuit trop longues, vol à la tire larigot, vol à l’étalage de grands magasins et de scènes plus petites, vol sans effraction et beaucoup d’émotions, vol à main armée, de velours, vol au vent, parce qu’il aime la bonne chère et les lasagnes à la bolognaise, dont il distille d’ailleurs une recette, à force d’italien dans le texte, et de gestes de « ouf » très « marloniens ». Parce que, quoiqu’il en soit et quoiqu’il en dise, Ged Marlon est un escroc d’origine italienne, qui n’hésite pas à vous soutirer, mine de rien, de vrais éclats de rire, sans vergogne, sans vulgarité, sans taper sur personne, sans faire de politique, sans se plaindre, sans critiquer, en fait, très subtilement, sans rien qui ne ressemble à quoi que ce soit d’existant sur le territoire des humoristes d’aujourd’hui.

Ged Marlon est un con parce qu’on pourrait dire qu’Il s’invente un territoire vraiment à part, entre une espèce de Desproges qu’aurait oublié d’être méchant et amère, la poésie absurde d’un Devos, sans le cholestérol et le gras superfétatoire d’un monument historique, des inventaires à la Prévert, en un peu plus déjantés et moins scolarisables, la silhouette sportive d’un Keaton, en moins désespéré, ou les déboires d’un Harold Lloyd, en aussi élégant. Ged marlon est un con parce qu’ en plus, Il ose, avec un culot tranquille, ponctuer cet univers inédit d’un répertoire de chansons délicieusement idiotes, bêtement charmantes et finalement pas si connes…

Et puis, là dedans, avec un phrasé et une voix, (on pense parfois à la diction faussement ânonnée à la Roger Pierre… rappelons nous « si nous les sudistes… ») totalement à part, qui oscillent entre les questions ouvertes, (on devrait dire béantes… tant le silence qui suit, provoque un hilarant vertige), les affirmations d’un donneur de leçons, gentiment butté, sûr de lui, mais au fond tranquillement désabusé, et cette drôle de fragilité apparente, ses hésitations complices et absurdement rassurantes, il cite Shakespeare, danse comme personne, ne parvient pas à joindre les deux bouts, cherche un beau frère, parle de l’amour et du couple, n’esquive pas les pépins… et n’évite aucun sujet inutile, absurde et superflu, et ce avec beaucoup de détermination et d’une contagieuse conviction.

Ged Marlon est un con parce qu’avec Marie Nicolas, qui l’a mis en scène, il propose un spectacle à part, nouveau et si réjouissant que vous seriez tous des cons de ne pas y aller…

"L'embarras du Soi", Théâtre du Petit Montaparnasse, 31 rue de la gaité, 75014, du mardi au samedi à 19 heures et dimanche à 17 heures. reservations 01 43 22 77 30.


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