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Chatroulette: next!

Publié le 11 février 2010 par Mélina Loupia
En ce moment, entre Hadopi, Loppsi, Arte, on peut dire qu'Internet passe un sale quart d'heure ou une garde à vue prolongée.

Fallait s'en douter, peut-être le monde du Web finit-il par tourner en rond et se dire que la blague a assez duré, que c'est bien joli la liberté d'expression, le partage, la communauté, mais ça va bien 5 minutes, on est pas là pour rigoler, faut travailler plus pour gagner plus alors Internet, on arrête.

Le shaker mondial s'agite et finira bien par décanter.

En attendant, sans doute par peur de mourir demain, certains jettent tout ce qu'ils ont de refoulements, de désirs ou de frustrations sur la Toile.

Ceux-là sont probablement à l'origine de ce dont on parle de plus en plus, la Chatroulette.

Comme je ne suis pas journaliste, je ne vais pas vérifier mes infos ni mes sources et me fier à ma mémoire en prétendant que ce site est hébergé en Allemagne.
Que le principe est simple, on se connecte, on autorise ou non sa webcam à s'allumer, et à gauche, on voit ses interlocuteurs, à droite ce qu'ils disent s'ils ont envie soit de voir, soit d'être vu, soit d'être écouter, soit de communiquer.

A priori, rien de bien nouveau, des chatrooms, y en a des caisses sur Internet.

En l'occurrence, l'originalité de la Chatroulette est la façon aléatoire qu'on a d'être connectés les uns aux autres, puisque c'est le site qui décide.
Si l'interlocuteur qu'il nous choisit ne nous convient pas, on clique sur la touche "Next!" et aussitôt, au revoir #stranger, et bienvenue #stranger2.

Je m'y suis connectée.
J'ai désactivé ma webcam.
Et j'ai fait défiler 100 fois.

J'ai décompté 4 filles, souvent par deux, dubitatives devant leur écran, plus ou moins avinées.
J'ai noté 17 canapés vides, plus ou moins usés, abandonnés au milieu de salons désordonnés.
Et enfin 59 garçons.

Jeunes.
Très jeunes.
Endormis.
Ivres morts.
Réveillés.
Torses nus.
Nus.
Libertins.
Exhibitionnistes.
En plein coït avec ce plus ou moins un congénère.
Très seuls avec la veuve poignet.

J'ai souri, ri, beaucoup, mais un petit frisson de malaise a parcouru mon échine lorsque soudain, je me suis dit:
"Et si le logiciel aléatoire me faisait me connecter avec quelqu'un que je connais?"

Quelqu'un, ça pourrait être un patron, un ami, une connaissance, un collègue, ou même un membre de sa famille.

De là, que dire, que faire?
L'avoir vu, c'est avouer que j'étais connectée et que oui, la curiosité et la petite part de voyeurisme qui m'habite comme la plupart d'entre nous  s'est réveillée.
Ne rien dire, c'est se torturer l'esprit et aborder les relations future avec l'appréhension et les images indélébiles.
En rire, si la situation n'étiait que somme toute très humaine.
Mais partant du principe que visiblement, Chatroulette ne tombe sous le coup d'aucune autorité, charte ou modération, on peut tout y faire et tout y voir.

Pourtant, faire supprimer ce site serait probablement le début de la fin.

On peut se dire qu'on ne s'y connectera plus pour éviter de croiser le pire et se priver du meilleur. Mais c'est un peu comme enjamber un SDF sur le trottoir et ne pas suprimer la misère pour autant.

On peut se dire "et le contrôle parental, c'est pas fait pour les chiens". Mais c'est un peu comme les alarmes des piscines, les pictogrammes sur les chaînes pour adultes ou les forfaits GSM bloqués. Le meilleur contrôle parental, c'est le parent.

Et on peut aussi se dire que des malades, des pervers, des excentriques, y en a partout, y en avait avant et y en aura ensuite, qu'Internet ne devienne une résidence surveillée avec une cyberpolice cachée derrière chaque pixel ou pas.

La nature humaine est ainsi faite, lorsqu'on interdit, on ne supprime pas, on déplace.

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