Le silence
et la tempérance sont l'heureux partage de tous ceux qui font des progrès dans
cette tristesse salutaire. La douceur et l'oubli des injures ornent le cœur des
personnes qui, par des combats soutenus avec courage, ont obtenu quelque
victoire; enfin ceux qui sont heureusement parvenus à la perfection de cette
bienheureuse tristesse sont remplis d'affection et d'amour pour la pratique de
la plus profonde humilité, sont dévorés d'une soif ardente pour les mépris et
les humiliations, d'une faim violente pour toutes les choses qui alarment et
font crier la nature; du reste, ils brûlent pour leurs frères d'une charité si
pure et si forte, que, non seulement ils les excusent dans les fautes qu'ils
leur voient commettre, mais que leur cœur est touché à leur égard d'une
compassion toute céleste. Nous devons approuver ceux qui ont fait quelques
progrès, louer ceux qui ont remporté quelques victoires, et proclamer heureux
ceux qui sont affamés d'humiliations et de souffrances : car ces derniers
seront rassasiés de cette nourriture céleste qui n'inspire jamais du dégoût.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la tristesse
qui produit la Joie»