Mon ami le Marcheur

Publié le 11 février 2010 par Cameron

C’est un pas après l’autre qu’il trace son chemin. Sillon brûlant qui l’empêche de relever les yeux, sa route n’est celle de personne. Il est l’arpenteur du rien.

De pas en pas, il grignote les ombres alentour. Silhouettes griffées des arbres tranquilles, vagues buissons poussés là par défaut, lentement sur son chemin la réalité est gommée et c’est un paysage sans relief qui se lève après son passage. Le Marcheur est en marche.

Nulle poussière, nulle brise, nulle respiration téméraire ne subsistent plus. Il crée ce qui n’est pas à chacun de ses pas. L’horizon est un point au-delà de sa vision, repoussé et espéré à la fois, but ultime qu’il n’atteindra jamais. L’horizon est ce visage de lui qu’il ne voit ni ne devine.

Si un ou deux marchaient à ses côtés. Si, derrière les ombres qui s’effacent, des corps encore savaient résister, si, de pas en pas, il respirait, si toi qui ne dit rien osais sculpter le silence, si tout ça, sans doute, il s’arrêterait. Vent et pluie, ou la douceur d’un printemps qui murmure, peut-être, ou l’ombre de la nuit derrière ses épaules, ou cet instant de rien qui fige gestes et souffle lorsqu’on est encore vivant, pourraient alors advenir. Comme un monde qui se reconquiert.

Le Marcheur est en marche. Et ça ne te fait ni chaud ni froid.

P.S. : le titre est une réminiscence lointaine d'un vers de Shelley, me semble-t-il.