Magazine Humeur

Anecdote de temps de crise : comment on "marie" religieusement des divorcés.

Publié le 11 février 2010 par Hermas

J’ai déjà présenté dans « Hermas » l’état de la débâcle liturgique dans l’Eglise, en France et en Belgique notamment, d’après des témoignages directs.

Certains lecteurs ont pu penser que j’exagérais. Et pourtant je puis garantir la vérité de tout ce que j’ai écrit à ce sujet, car j’en avais été le témoin direct, ou en avais reçu le témoignage direct incontestable.

C’est une débâcle qui paraît sans fin. Jusqu’où irons-nous, jusqu’où « iront-ils » ? « Domine, usquequo » ?

J’ai appris dans la quinzaine écoulée qu’un « mariage religieux » avec Messe avait été célébré entre deux divorcés, dans une petite paroisse du Diocèse de Nancy. Témoignage indirect, de seconde main. Etant donné la pratique actuelle qui se multiplie, de faire des « cérémonies de bénédiction à l’église » pour des divorcés remariés, la prudence s’imposait. Etant bien entendu toutefois qu’une cérémonie de « remplacement », faite à l’église, avec simple bénédiction (et non pas bénédiction nuptiale – mais quelle est la différence pour la plupart des fidèles souvent non pratiquants ou peu pratiquants ?), avec tout le cérémonial, chants, lectures, décoration florale, orgue… et robe blanche bien sûr, est déjà une faute grave de la part du prêtre qui s’y prête, car il trompe les gens : pour les gens, le prêtre les a mariés à l’église. Et si le prêtre ne fait pas la différence entre simple bénédiction, comme on bénit des fruits par exemple, ou une table, et la bénédiction nuptiale, nous sommes devant un cas très grave. Qui est d’une extrême gravité également, si le prêtre sait qu’il ne donne qu’une simple bénédiction : car c’est une parodie de Sacrement, et une tromperie grave et coupable pour les fidèles. On ne peut laisser planer de doute en matière de Sacrement, et il est coupable de se livrer à des cérémonies de ce genre, formellement interdites par l’Eglise.

Mais revenons à ce « mariage religieux « récent ». Les voisins de ma famille, de vrais amis, sont venus me saluer. J’en ai profité pour dire « innocemment » : - « Alors vous avez eu un beau mariage dans votre famille ». - « Oh oui, me répond la voisine, mère de deux enfants charmants, une belle famille, mais non pratiquante, comme la plupart les gens du village. C’était le 20 juin dernier. Le marié était le cousine de mon mari. Il avait été marié, et était divorcé. Puis il avait rencontré une femme mariée elle aussi, et mère d’une enfant, divorcée elle aussi. Ils vivaient ensemble depuis plusieurs années, et avaient eu deux enfants.

Puis ils ont décidé de se marier à l’église, avec Messe, ce que le Curé a été tout « heureux ». de faire. « Se marier à l’église avec Messe », pour la plupart des gens, peut prêter à confusion, étant donné la multiplication des « assemblées dominicales en l’absence de prêtres » (ADAP, que les gens considèrent tout simplement comme une Messe. Il n’est pas rare qu’ils déclarent : « oh, Madame Untel, dit mieux la Messe que Monsieur le Curé (sic !)  » (exemple cité aussi par S. Exc .Mgr Piero Marini dans Cérémoniaires des Papes, Bayard, 2007).

Discrètement, pour ne pas troubler, je me suis informé sur le genre de cérémonie : lecture, bénédiction… ? « Non, tout comme à notre mariage : cela a duré plus d’une heure : il y a eu tout comme pour notre mariage. Et même le prêtre a récité la prière pendant laquelle il élève l’hostie et la calice ; il y a eu la bénédiction des anneaux ; les mariés ont répondu aux mêmes questions que nous, et je me souviens même que le prêtre a dit : ‘je vous déclare unis par les liens du mariage’. Et puis, cela a été émouvant, car, au moment ‘de la paix’, les mariés se sont embrassés longuement. Puis ils ont communié, et nous avec ».

Je ne sais pas si, dans l’assistance, il y avait une seule personne pratiquante. J’en serais fort étonné, connaissant bien l’endroit. Des gens braves, serviables, généreux, bons vivants, bons amis, qui tiennent à leur église (où la Messe n’est jamais célébrée), et qui l’entretiennent, mais qui ne pratiquent pas, et ne se confessent pas, cela ne fait pas de doute.

Conclusion : les gens disent maintenant : l’Eglise remarie maintenant les divorcés.

Monsieur de Nancy, où êtes-vous ?

Mgr Jacques Masson

AAA.jpg
On se reportera avec intérêt, sur la question de l'accès des divorcés "remariés", au document publié sur cette question par la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 14 septembre 1994


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine