C'est de ma faute...

Publié le 12 février 2010 par Tazounette


On a soulevé un drôle de coin de drap, lundi midi, lors de la séance quotidienne…
Cette sensation étrange que quoi que l’on fasse on est coupable de quelque chose, quelque soit le choix qui se présente, on prendra la mauvaise solution ou la moins pire.

Je me suis toujours sentie fautive de quelque chose. Petite, ces sentiments agissaient malgré moi. Peut-être était-ce le contre coup de l’empathie ou d’une compassion totalement irraisonnée. Une sensibilité à fleur de peau et une émotivité qui nous construisent toute entière. Quelque chose de plus fort que soi et qu’on maîtrise trop mal. Les autres méritent mon attention, les autres, les autres, les autres. Avant moi. Toujours. Ma mère était en colère et je cherchais ce que j’avais pu faire pour la rendre ainsi. Même si les raisons n’avaient rien à voir avec moi… Et ce silence, cette impossibilité de parler à cette mère, sans jamais poser de mots sur mes questions, mes pensées ou mes tourments.

Ma sœur me faisait la tête et je cherchais par tous les moyens à me faire « pardonner ». Et le pire, c’est que la plupart du temps je finissais par m’en vouloir de choses que je n’avais pas commises. Et je cherchais, en moi, les ressources pour faire passer « ce mal »… Et je recherchais partout dans ma mémoire, le souvenir de mes erreurs…

Comme le veut la logique de l’histoire, j’ai grandi en reproduisant ces schémas. Habituée à être fautive de tout, je me suis dégottée le père de mes filles. Monstre d’égo par excellence. Doué pour rendre les autres coupables de ses propres erreurs, parfois même de ses propres choix. Coupable de tout, c'est mieux résumé  ;o).
Si bien que lorsque je suis partie, avec less filles sous le bras, j’ai mis trop de temps à me défaire de ce sentiment-là.
Comme s’il m’avait fallu trouver une « légitimité » à mon départ. Comme si aucune "raison" ne pouvait légitimiser un choix fait pour moi puisque moi, je n’étais « rien » par rapport aux autres. Tous les autres. Lui, surtout ! Et persuadée, moi-même, que je n’avais 'pas le droit' d’agir ainsi.

Aujourd’hui, je ne peux pas dire que je culpabilise. Pourtant, il me reste un terrain sur lequel cette sorte de culpabilité agit encore, en sourdine, posant des enjeux là où il ne devrait plus y en avoir…

Le père des filles est un père disons, particulier. Et le père qu’il est m’a toujours déçue… Parce que je place mes filles largement au-dessus de moi, parce que je veux le meilleur pour elles, parce que je donne le meilleur de moi. J’attendais, forcément, qu’il fasse de même… Et chaque fois qu’il me montre qu’il ne sait pas le faire, je me mets 'à la place des filles', et je m’en veux de ce qu’il ne fait pas pour elles... Je prends sa faute… Sûrement que la cause est une phrase dite sur un ton haineux (la haine n'était jamais loin, sous les bonnes manières) "Tu les as voulues, tu les as eues"... Coupable un jour, coupable toujours ! ;o)

Et chacune de ses actions de père, manquée, fait écho à cette faute que je porte.
Cette faute d’avoir fait des enfants à un homme que j’avais mal choisi. Une erreur fondamentale de jugement !

Lundi, lors de la séance psy, je lui ai rendu cette culpabilité. Je lui ai rendu cette faute que je portais pour lui. J’ai accepté qu’il soit ce père pour elles. J’ai accepté qu’il ne soit jamais celui que j’attendais pour elles. Aujourd’hui je renonce. Aujourd’hui je n’attends plus. A partir d’aujourd’hui je regarderai le verre à moitié plein. J’en oublierai la partie vide.

J’aurais toujours une solution sous le coude pour contrer ses changements de programme. Je ne lutterai plus pour avoir une réponse définitive quand cela n’est pas envisageable. Lâcher du lest. Renoncer au combat quand il est perdu d’avance. Ne plus penser pour les filles quand elles n’attendent rien de lui. Quand elles savent prendre ce qu’il donne.

Le laisser rater le meilleur sans poser le doigt dessus. Il est grand. Il est responsable, même de ce qu’il ne fait pas.

Lâcher, lâcher, lâcher. Ne plus me mettre en colère. Qu’il fasse des ronds dans l’eau autant que ça lui chante, ma surface restera lisse !

Parce qu’il n’y a de combat que si l’on continue à se battre. J’ai décidé de raccrocher les gants.

Mes filles. Mon amoureux.

Le reste n’est que du vent !