Nous étions invités l’autre soir, avec quelques enfants Templemarois et leurs parents, de l’Orchestre national de Lille pour une projection de “La ruée vers l’or” de Charlie Chaplin. Grand moment pour les enfants … et les parents.
Il n’est pas inutile de temps en temps de se replonger dans ces classiques que nous pensons peut-être avoir trop vus, mais qui conservent une acuité et une modernité incroyables.
“La ruée vers l’or” a été créée par Chaplin en 1925. Au fil des années, des versions sonorisées, retouchées, par Chaplin parfois ont été commercialisées. Au point que dans les années 80 on s’est aperçu qu’on ne possédait plus de “master” des versions originales de ces films magnifiques. La Ruée vers l’or, les Temps modernes, le Dictateur, et tant d’autres courts métrages ont dû être restaurés. Parfois ils ont été plus moins adroitement colorisés. Comme si le noir et blanc ne suffisait pas pour leur garder une crédibilité.
Pour ce qui concerne ce film, le hasard a voulu qu’un collectionneur retrouve plusieurs copies originales de ce film muet, dont la musique avait été écrite par Chaplin lui-même, avec l’aide de son pianiste arrangeur Max Terr. L’autre soir, l’Orchestre était dirigé par Timothy Brock qui a ressorti les partitions originales et les a harmonisées en s’efforçant de coller fidèlement au projet de départ.
Travail de précision, concentration des musiciens, on se laisse envahir par le charme que dégage ce film, par l’inventivité de Chaplin pour provoquer l’émotion avec une économie de moyens, par l’esprit de liberté qu’il dégage et par son art de se frotter aux réalités vécues par ses contemporains avec une légèreté et une innocence qui le rendent d’autant plus percutant.
Les enfants et les plus grands étaient “scotchés” par le spectacle, par la force des images, mais aussi par le savoir-faire des musiciens pour contribuer à la vigueur du propos.
A titre personnel, j’ai retrouvé la nostalgie d’une époque où l’on pouvait encore regarder sur grand écran les films de Chaplin, mais aussi ceux de Fritz Lang, de Renoir, de Vittorio de Sica, et tant d’autres, lors de ciné-clubs à l’issue desquels on s’écharpait les uns et les autres sur le sens de telle ou telle image, avant de se réconcilier autour d’un verre. Et je ne désespère pas de recréer dans la commune ce type de loisir un peu désuet, à l’époque de la TNT et de l’écran plasma…