Foutage de gueule

Publié le 13 février 2010 par Tazounette



Je supporte de moins en moins le manque de considération. Ce boulot me sort pas les trous de nez. Déjà, le secrétariat, c’est clair, ça ne me correspond pas du tout. Jusque-là, les ambiances de boulot et la reconnaissance des chefs me permettaient, tout au moins d’y trouver mon compte. Jusqu’à ce que j’arrive ici. Dans cette équipe. Je n’avais jamais vu ça auparavant. Ce qui a fait que j’ai dû changer d’équipe c’était une histoire de statut. J’étais intérimaire et je suis passée, arrivant ici, Agent temporaire. En gros : assimilée fonctionnaire. D’énormes avantages de salaires et d’aides au début comme à la fin de mon contrat. Le fric en gros.

Je travaille à la Commission européenne. Les salaires sont proprement indécents. Beaucoup choisissent cette situation pour cela. Heureusement pour moi que mon contrat est un CDD, sinon ce serait la dépression assurée. Comment accepter d’être autant payé et d’avoir si peu à faire ? C’est encore une question que je me pose. Pour certains c’est un dû. Pour certains « C’est comme ça que les gens devraient être payés dans leur pays, c’est pas nous qui sommes trop payés »… T’as raison ! De la confiture aux cochons.

Moi, même si je ne crache pas dessus et que j’en profite largement puisque ça me permet de vivre à l’aise avec mes deux filles, j’ai du mal avec ce chiffre.

D’autant plus de mal lorsque ça cautionne un manque de considération évident, un manque de reconnaissance absolu. On n’a jamais de remerciements sur nos travaux, même quand on sort tout le monde de la merde. C’est normal. T’es là pour bosser après tout !

La taille de l’administration est démesurée. C’est un fonctionnement par hiérarchie. Ceux qui sont au-dessus de nous font de la lèche à leurs chefs et ainsi de suite jusqu’au directeurs généraux qui ont l’air d’aimer ça, et ça c’est vrai certainement jusqu’au plus haut de la pyramide, à savoir le Président. Moi, la lèche au taf, j’aime pas ça. Et ça me débecte de voir des chefs sourire et dire oui, même quand on leur dit des horreurs… Bref, c’est comme ça.

Vu l’immensité de l’organisation, chaque « petite main », n’est qu’un numéro de personnel, dans le meilleur des cas, un nom quand quelques uns parviennent à s’en souvenir (pour peu que ce soit un nom polonais avec des ‘s’, ‘z’, ‘c’ à tire l’arigot qui se suivent, on se souviendra pas de vous. Si vous en venez à prendre votre retraite après 35 ans de bons et loyaux services, on vous oubliera tout de suite, on ne se souviendra pas non plus de votre travail, puisque déjà, avant votre retraite, à la moindre absence c’est d’autres qui faisaient votre boulot. C’est juste pareil, sauf que l’absence est définitive. Et vos 35 ans sont oubliés comme ça. Parce que vous étiez petites mains et que la lèche, à votre niveau ça ne vous a pas fait monter bien haut.

Ces temps-ci c’est l’époque des REC, en gros les entretiens de carrière. Sorte d’évalutation de vos compétences : entretien dans les règles de l’art en face de vos chefs qui de toute façon n’écoutent pas ce que vous dites… L’an passé j’avais signifié lors de l’entretien, un souci avec une collègue sensée me former et qui avait passablement oublier de m’apprendre l’essentiel, avait retenu des informations bref une formation incomplète… Quelques jours après, je m’en vais lire le compte-rendu de mon chef sur lequel il a jugé bon de mentionner « enchantée de la formation reçue par les collègues ». Je n’ai pas relevé. Je me suis doutée que de toute façon, remuer toute cette merde d’admininistration pour un truc venant d’une « petite main » ça ferait chier tout le monde et on finirait par se souvenir de moi juste pour ça. J’ai souri en coin. Ca ne faisait que confirmer mon avis.


Cette année, c’est encore mieux. On m’a d’abord programmé l’entretien jeudi dernier. Puis on m’a décalé à aujourd’hui, pour à l’heure dite me dire que finalement ce serait la semaine prochaine, parce que, tenez-vous bien, la chef, pour s’auto cirer les pompes avant son départ au mois de juin à la retraite elle avait envie de se retrouver en bonne page du journal de la Commission « Commission en Direct ». Comme l’interview est demain matin, elle devait se préparer. Son article dans le journal est donc jugé plus important que ma carrière. C’est sûr, mon contrat se finit l’an prochain. Y’a pas photo…

Il faut savoir que jeudi matin, j’ai hésité à y aller, neige oblige, routes gelées et tout l’toutim. Je me suis dit que je me prendrais mon jeudi de congé, tranquille… Et puis la perspective de mon entretien l’après-midi m’a fait opter pour des trajets en tram/métro. Il ne m’a fallu qu’une heure pour amener mes filles à l’école au lieu de 10mn en voiture. Tout ça pour un entretien annulé à l’heure dite. Avouez que c’est risible.

Et tout est à l’avenant. Nos taches qu’on change sans arrêt pour faire le bouche-trou dans d’autres unités qui manquent de personnel (restriction budgétaires obligent, on évite les intérimaires)… Et tout, et tout, et tout.

Il me reste un an à faire. Je joue mon rôle en attendant la quille. Je suis comme au théâtre et j’observe. Tout à l’heure la chef est venue me voir en me demandant, hypocrisie oblige, si ça « ne me dérangeait pas de reporter »… J’ai juste répondu que sur ce coup-là, je n’avais pas trop le choix, donc que la question ne se posait pas vraiment comme ça.

Connasse…

;o))