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Les Vanupieds (28)

Publié le 14 février 2010 par Plume
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Les jours et les nuits s’écoulèrent, interminables. Combien ? France ne savait plus. La fièvre lui faisait perdre la notion du temps. Pourtant elle s’efforçait de prendre le dessus, lucide quant à la terreur qu’elle déclenchait chez son frère et sa sœur lors de ses fréquentes bouffés délirantes. Adam, soucieux de lui apporter tout le confort possible, lui confectionna une  sorte de niche dans le coin le plus abrité et le plus sombre de la maison en ruine où ils s’étaient réfugiés, calant autour d’elle et sous sa jambe blessée leurs couvertures et leurs sacs. Il confectionna également avec beaucoup d’habileté deux attelles dont il se servit pour emprisonner fortement la cheville cassée. Dès qu’elle le pouvait, livide de frayeur, Alissa se réfugiait dans les bras de son frère. Et tous deux, prostrés, incapables de savoir quoi faire pour la soulager, s’asseyaient auprès de leur aînée, avec ce désir profond de la toucher, la sentir, l’écouter : s’assurer juste qu’elle vivait et qu’elle pouvait encore les voir

France, farouche, gardait ses yeux noirs fixés sur le plafond, les mains crispées, les narines palpitantes. Plus aucune plainte ne sortait de sa bouche. Elle luttait contre cette douleur tenace qui la clouait sur le sol, totalement impuissante. Elle luttait et s’épuisait. Plus d’une fois à leur réveil, Adam et Alissa la retrouvèrent inconsciente, les paupières closes et le visage gris. Une panique folle les précipitait sur elle, sanglotant, appelant, suppliant :

« France ! France ! Reste avec nous ! »

A chaque fois le même sursaut et son regard perçant stoppaient net le court de leur détresse. Elle ne disait rien, trop crispée pour parler, mais ne manquait jamais de leur signifier qu’elle était toujours là. Alissa, en larmes, s’allongeait près d’elle et enfouissait son visage ruisselant dans le creux de son épaule. Adam lui adressait un sourire merveilleux, plein de soulagement et de tendresse, un sourire comme lui seul savait les faire. Et la nuit venue, ils s’endormaient, très agités, un de chaque côté d’elle, leurs boucles dorées caressant doucement son menton et cachant en se mêlant ses lèvres mordues jusqu’au sang. Ses yeux brillaient étrangement à la clarté des étoiles alors qu’elle les gardait ouverts sur la nuit : que feraient-ils sans moi ? Si je meurs, qui les aidera à survivre ? Non ! Non ! Il faut que je vive ! Pour eux

L’humidité qui perlait au coin de ses paupières engourdies ne venait pas des gouttes de sueur dégoulinant sur son front.


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