Quelques réponses sur les ' Noces de Cana '

Publié le 14 février 2010 par Perceval

« Observe chaque détail de l’Ecriture, car en chacun, pour qui sait creuser profond, il y a un trésor, et peut-être même que c’est là où l’on y pense pas que se cachent les joyaux précieux des mystères » (Origène – Homélie sur la Genèse)

J'interroge... En clair et en obscur, certaines pierres me parlent ...
Jean place ce signe au début de la montée de Jésus, de Galilée vers Jérusalem. Jésus est suivi de ses disciples, tel un ‘ maître ’, un rabbi.
L'indication du " Troisième jour " expression presque toujours en lien avec la résurrection, est elle-même signe de la voie symbolique ( et spirituelle ...) à prendre, pour lire la suite ... et que les évènements qui vont se produire sont indicatifs d'un temps nouveau.
Eau changée en vin, avant d’être transformé lui-même en sang.  

« Jésus utilise les miracles physiques pour démontrer des vérités spirituelles. Il guérit des malades pour démontrer qu’Il avait le pouvoir de pardonner les péchés. Il maudit le figuier comme signe du jugement prochain qui s’abattrait sur le temple. Il fit des guérisons le jour du sabbat pour montrer Son autorité sur le sabbat. Il ressuscita des gens pour montrer qu’Il était la résurrection et la vie. Il nourrit des milliers pour montrer qu’Il était le pain de vie. Et dans le récit qui nous intéresse, Il fut la source d’une abondante bénédiction lors d’un repas de noces, pour montrer qu’Il sera l’hôte du banquet messianique dans le Royaume de Dieu. »

« Imaginons un instant ce qui se serait produit si les invités présents aux noces avaient voulu se relaver les mains. Ils se seraient dirigés vers les vases de purification, pour réaliser soudainement qu’ils étaient remplis de vin. Il n’y aurait pas eu d’eau pour pratiquer leur rituel. Un tel changement, d’état sur le plan physique, symbolise une transformation spirituelle dans le judaïsme en rapport avec le symbolisme des rites de purification La purification spirituelle par le sang de Christ supplante les rituels de purification. Jésus a accompli la signification symbolique des rituels en se substituant Lui-même à eux. »

«  Jésus a accompli totalement les rituels et les a rendus obsolètes. A l’ère messianique, il n’y a pas de place pour les rituels de purification. Les serviteurs puisèrent donc ensuite du vin, et en apportèrent au maître de cérémonie qui confia à l’époux que : « Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent » (verset 10).


Pourquoi pensez-vous que Jean rapporte de tels propos ? S’agit-il tout simplement de conseils en vue de prochaines noces ? Ou encore pour montrer que Dieu peut produire un vin de grande qualité ? Non, Jean veut nous faire comprendre le symbolisme spirituel rattaché à ce miracle.

Certains Juifs étaient comparables à des personnes « qui avaient bu du vin » pendant si longtemps (en accomplissant les rituels de purification) qu’ils en étaient devenus incapables de reconnaître un vin de qualité supérieure. Lorsque Marie s’est exprimée en disant : « Ils n’ont plus de vin », cela symbolisait le fait que les rites de purification étaient devenus dénués de leur sens spirituel. Jésus les remplaçait par quelque chose de nouveau et de meilleur. »

« Le récit du miracle ajoute la dimension de l'accomplissement. Le vin représente probablement l'enseignement nouveau dispensé par Jésus : cf. Pr 9,4b-6 ou Is 55,1-3. Ce vin remplace l'eau destinée aux purifications et qui était présent dans six (symbole d'imperfection) jarres. »

« Qu’en est-il, pour nous-mêmes, de certaines de nos traditions ? Ne sont pas t-elles pas devenues aussi caduques que les eaux de purification ? Jésus ne voudrait-il pas les changer en quelque chose de beaucoup plus stimulant ? »


Marie n'adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: "Ils n'ont pas de vin" (Jn 2, 3).

 « En effet, à Cana, Jésus reconnaît non seulement la dignité et le rôle du génie féminin, mais en acceptant l'intervention de sa Mère, il lui offre la possibilité de participer à l'œuvre messianique. »

« Les deux fois il appelle sa mère : " femme ". Il ne faut pas y voir une attitude irrévérencieuse. Au Calvaire au contraire ce mot a une résonance de solennité. Car à ce moment suprême, où Jésus est sur la Croix, il proclame le rôle spécifique de Marie. Jésus donne à sa mère l’appellation de "femme ", en faisant allusion à la première femme Eve. L’homme l’appelle Eve parce qu’elle est la mère de tous les vivants.


Je cite, ci-dessous: Benoit XVI…

« Marie remet tout au jugement du Seigneur.

"Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère" (cf. Jn 19, 26-27). Il indique donc à l'avance l'heure où Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples. D'autre part, ce titre évoque le récit de la création d'Eve: Adam, au milieu de la création et de toute sa richesse, se sent seul, comme être humain. Eve est alors créée, et en elle, il trouve la compagne qu'il attendait et qu'il appelle du nom de "femme". Ainsi, dans l'Evangile de Jean, Marie représente la femme nouvelle, définitive, la compagne du Rédempteur, notre Mère: l'appellation apparemment peu affectueuse exprime en revanche la grandeur de sa mission éternelle.

"Que me veux-tu, femme?". Ce qu'au plus profond ils ont à voir l'un avec l'autre, c'est ce double "oui", dans la concomitance duquel a eu lieu l'incarnation. C'est ce point de leur très profonde unité que le Seigneur vise à travers sa réponse. C'est précisément là que renvoie la Mère. Là, dans ce "oui" commun à la volonté du Père, se trouve la solution. Nous devons nous aussi apprendre toujours à nouveau à nous acheminer vers ce point; là apparaît la réponse à nos interrogations.

"Mon heure n'est pas encore venue". Jésus n'agit jamais seulement de lui-même; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c'est précisément cela qui l'unit à Marie, car c'est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu'elle a voulu elle aussi déposer sa demande.

Il ne "produit" pas simplement du vin, mais il transforme les noces humaines en une image des noces divines, »

Autre interprétation:
"Après la remarque/intercession de Marie, Jésus s'adresse à elle en l'appelant "femme" : signe supplémentaire que Marie représente l'Eglise comme on le verra dans le commentaire du texte sur la Croix. La B.J. remarque fort justement : "Cette appellation semble s'adresser à la nouvelle Ève, mère des vivants (Gn 3,15.20)". Boismard de son côté note : "C'est le terme que Jésus emploie pour s'adresser à n'importe quelle femme (..) Ce n'est donc pas un terme de mépris (..) Mais Jésus évite le terme de mère, parce qu'il veut faire abstraction du lien qui l'unit à Marie (..) Il agit maintenant en Messie". Mais l'interpellation est rude : "Quoi de toi à moi ?" On va voir que cette rudesse est justifiée par le fait que Marie fait d'une certaine manière sortir Jésus de son rôle : Boismard a peut-être tort d'écarter a priori toute idée d'hostilité comme en Jg 11,12 ou 2 Ch 35,21.

Notons qu'à la fin de notre texte, il nous est dit que "les disciples crurent en lui" : jusqu'alors, ils le suivaient. Quelque chose de fondamental s'est donc produit, en lien avec la Passion/Résurrection."