Là-bas, j’ai lu les Chroniques de l’oiseau à ressort. Son cri, c’est Ki kii kiii (en traduction).
Quand je travaillais, j’ouvrais les fenêtres. Je voyais la terrasse, le mur de séparation et je devinais un jardin, la cime des citronniers, puis la via Dante et le mont qui surplombe le village. En fin d’après-midi, un oiseau faisait: «Ke ke ke ke ke», entre le pépiement et le volètement des autres. Je ne connais pas le nom des oiseaux.
- Peu importe, dirait Toru Okada.
Je suis rentré. La semaine dernière, j’ai travaillé deux jours au gymnase de Beaulieu. Un soir, je rentre chez moi. Je marche rue du Maupas. Lentement, je détaille les maisons, les arbres et… «Ke ke ke ke ke»… J’entends l’oiseau. Il existe ici aussi.
- C’est le même, dirait Toru Okada. Il est venu jusqu’ici. Il se déplace, c’est son travail.
Je suis moins cosmopolite dans l’âme. Je croyais que l’oiseau n’appartenait qu’à ce jardin, qu’à cette île et qu’il me séparait du reste du monde.
Je suis resté sans bouger un long moment, cherchant à l’apercevoir.
- Inutile, dirait Toru Okada.
À la maison, hier soir, je réécoute des enregistrements. Il est tard. La cloche sonne… Spontanément, et très vite, je cherche à localiser son origine, et dans le même temps, je m’étonne à nouveau de sa ressemblance avec la cloche du village. Est-ce que ça vient de la chapelle, de l’autre côté, vers le chemin de l’Usine à gaz? Ou… Imbécile: ça vient de ton ordinateur; c’est bien la cloche du village, tapie sous la voix de Giovanni.
J'ai pensé: même oiseau, donc même son de cloche. Je tire des leçons à chaque heure du jour.
Où est-ce que j’ai la tête?
Ça m’apprendra.