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La cave

Publié le 14 novembre 2007 par Jlhuss

par Arion 

Petit récit  pour ceux qui meurent de croire qu’on ne doit fermer aucune porte. 

Ils s’étaient indignés que l’affaire fût soumise à cette clause. Joli cadeau que trois molosses parqués dans la cave du fond, comme Cerbère au royaume des ombres ! C’était une condition du vendeur, exigence qu’il fallut accepter car la maison les charmait plus que toutes celles qu’ils avaient visitées. « Des bêtes attachantes, vous verrez. Mettons qu’elles soient l’âme obscure des lieux… Tendresses au demeurant inopportunes : ils happent la viande qu’on leur jette, se suffisent à flairer l’ombre, humer le jour, capter l’écho du monde à la coulée du soupirail. Juste une courte sortie le soir, tenus en laisse. Vous perdriez à les laisser courir, conclut-il en un sourire étrange, mais plus encore à tenter de les faire disparaître.»

Quatre lignes en rubrique des faits divers. Aucun témoin. On suppose que le couple après l’agacement se prend de curiosité, voire de compassion pour tant de retenue chez des bêtes si puissantes. L’homme un soir renonce à la laisse : les chiens trottent sans s’écarter. Un autre soir ils s’égaillent dans le parc en jappant. Bientôt ils montrent les crocs quand le maître fait mouvement pour les enchaîner. Maintenant il faut à toute heure les laisser courir leur saoul dans la campagne, entendre au loin les abois de leur meute, les voir revenir épuisés, repus, l’œil ardent, la babine sanglante. Ils s’affalent dans le salon, grondant dès qu’on leur ouvre la porte de la cave.

C’est arrivé moins de trois mois après l’emménagement. La femme revenait de sa course en ville. Du seuil elle voit l’horreur. A son cri, les molosses se dressent et l’entourent. Dans le sac à main de la malheureuse, on a trouvé, déjà chargé et sans étui, le revolver acheté pour la délivrance

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