Magazine Journal intime

Ma toute petite

Publié le 18 février 2010 par Anaïs Valente

En écrivant ce titre, j'ai songé que j'allais m'attirer des visites d'hommes, disons, complexés par la taille de leur... enfin vous avez compris.  Que(ue) nenni.

Soit.

Un titre est un titre, et quand il s'impose à moi, je le garde.

Passque j'ai eu une révélation ce week-end, en discutant sur msn avec ma toute toute petite filleule.  Ma plus du tout toute toute toute petite filleule.

Comme le disait Claude Brasseur dans « La Boum 2 » (admirez mes fantastiques références) : « c'est un homme, il a une voix d'homme », j'ai eu une révélation : ma filleule, c'est plus une enfant, elle a plus une voix d'enfant, elle a plus un look d'enfant, elle a plus un caractère d'enfant.

Y'a peu de temps encore, nous avions été voir « Il était une fois » au cinéma, puis manger des pâtes, et nous marchions en nous tenant la main, et puis je l'embêtais en marchant au même rythme qu'elle, et elle rigolait beaucoup.  C'était encore une enfant.  Qui aimait les dessins animés.

Maintenant, plus question de lui proposer d'aller voir un dessin animé.  Mais alors, diantre, sacrebleu et rondidju à la fois, j'ai plus d'alibi pour aller voir « La princesse et la grenouille ».  Et je rêve de voir « La princesse et la grenouille ».  Je veux voir « La princesse et la grenouille ».  Qui veut aller voir « La princesse et la grenouille » ?  Pitiéééééééééééé.

Elle lit Guillaume Musso.  « Parce que je t'aime ».  Et elle adore.  Elle a bon goût.  Je vais lui prêter les autres.  Guillaume Musso ! A son âge.  Puis je lui prêterai Marc Levy.  Mais tout de même.  La comtesse de Ségur, vous pensez que ça passerait ?

Elle est amoureuse.  Mais lui pas. Il lui parle pas.  C'est un autre qui est amoureux d'elle. Mais elle pas. Drame des amours non réciproques. 

Je lui dis que celui qu'elle « aime », peut-être il est attiré aussi, et timide, donc pas bavard, que ça peut être bon signe.  Elle me répond « marraine qui me donne des conseils en amour, on aura tout vu ».  La vilaine.  C'est plus une enfant, c'est clair, elle a de la répartie.

Elle rêve d'avoir un amoureux avant trente ans (et prends ça dans les dents, marraine), sinon c'est le drame (ne pas penser à mon âge, ne pas penser à mon âge).

Elle parle que d'amour.  Elle est dans sa phase amour.

Elle me dit qu'elle aime bien tchatter avec moi car c'est comme « avec ses copines », vu que je mets des smileys et que j'écris « c » pour « c'est ».  Avant, j'étais sa copine.  Maintenant je suis sa vieille marraine périmée de plus de 30 ans.

Elle porte des jeans slim.  Et des soutien-gorge.  Et elle me demande de lui acheter des Vania.  My god, mais c'est arrivé quand, tout ça ?

Elle se regarde dans chaque miroir qu'elle croise.  Vérifie que tout va bien.  Remue un peu du popotin.  Faut bien tester son nouveau pouvoir de séduction. 

Elle est obsédée par ses fringues.  Faut que ça soit de la marque, rien que de la marque, encore de la marque.

Elle passe sa main dans sa frange toutes les neuf secondes.  Histoire de se donner un genre, sans doute.

Elle me raconte son dernier délire au cinéma, à lancer du popcorn partout avec sa bande.  Sale gamine.

Elle ne porte plus le même regard sur moi.  Fini, le regard d'admiration qui veut dire « marraineuh je t'aimeuh tu es la plus belleuh de toutes les marraineuh ».  Fini. Là, on sent le jugement qui surgit, pas méchant, non, mais jugeant : elle a grossi marraine, elle a des rides marraine, elle est mal habillée aujourd'hui (qui a dit « et pas qu'aujourd'hui », que je le baffe) marraine, elle est ringarde marraine.

Elle accepte pas que je parle d'elle bébé, régurgitant, pleurant, se cassant une dent, se mouchant bruyamment.  La nostalgie gagatisante, très peu pour elle.

Elle a douze ans.

Et ça ne va pas s'arranger...

Et moi, j'ai un de ces coups de vieux, soudainement.



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