Une série de fiches diffusée au sein de la Paroisse St Joseph et St Pierre St Paul de Clamart
« Père » On s'adresse ainsi à nous. C'est bien étrange.
Je vous livre quelques pistes de réflexion.
1 - Réfléchissons au mystère de la paternité. Le père est celui à qui on doit dire : « c'est ton fils », un père doit toujours en quelque sorte adopter ses enfants, ce que la mère vit « par nature », il doit le vivre encore plus que sa femme, en le recevant. A ce qui lui est confié, il n'a guère œuvré ! Ce que le prêtre donne, il le reçoit. Rien de ce qu'il est, n'est pas son propre chef, comme prêtre il a tout reçu de ce qu'il est, et c'est ça qu'il donne.
2 - En offrant le Christ, présence du Père, en fractionnant le pain de la Parole, le prêtre fait grandir, donne ce qu'il a de meilleur, comme un père le fait.
3 - Une fois sortis de l'adolescence, nous savons tous ce que nous devons aux autres et peut-être d'abord à nos parents. Pouvoir dire sa reconnaissance, sa gratitude et sa dette à nos parents, c'est le privilège de la maturité. Dire « père » à un prêtre, c'est d'une certaine manière exprimer sa gratitude. A cet homme-ci auquel on parle ou par lui à ce qui nous donné dans l'ordre de la foi.
4 - Comment un prêtre peut-il vivre son célibat sinon en assumant ce type de paternité qui lui est confiée ?
Père B. KLasen
Texte pour le partage et la méditation
Luc 8, 19-21 Sa mère et ses frères vinrent alors le trouver, mais ils ne pouvaient l'aborder à cause de la foule. On l'en informa : « Ta mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voir. » Mais il leur répondit : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. »
Quelques questions pour aider à poursuivre après le partage
Est-ce bien vrai que ceux qui écoutent la Parole sont mes frères ? Ou bien est-ce un baratin pour soir de piété ?
Mon frère, ma mère, mon cousin, mes amis… mais qui est mon père ? Les Arméniens disent que l'Eglise est leur mère et l'Ecriture leur Père.
Pour aller plus loin
Pourquoi dit-on aux prêtres « mon père », alors que le Christ recommande le contraire ? (cf. Matt 23,1-12)
En fait, Jésus est en train d'expliquer à ses disciples qu'ils ne doivent pas se comporter comme certains scribes et pharisiens (certain d'entre eux, pas tous), qui ont tendance à se prendre pour des seigneurs et pour qui le titre de père ainsi que celui de maître sont des titres de gloire, d'orgueil ! Au fait, pourquoi ne pas mettre une touche amicale dans cette façon d'appeler nos prêtres ?
Jésus lui-même, vous le savez, ne refuse pas qu'on l'appelle maître ou rabbi, mais pas pour se mettre en valeur bien sûr, il n'accole à ce titre aucun prestige. C'est ça l'attitude qui est la bonne. D'ailleurs, dans l'évangile, on entend souvent les disciples de Jésus l'appeler "Rabbouni", ce qui ajoute au titre de rabbi une couleur plus affective, un attachement.
Ce que le Christ rejette et ce que je rejette aussi, c'est de s'attribuer des titres pour le plaisir du titre, pour briller, pour se donner de l'importance. Alors maintenant que nous avons vu quel est le sens indu, injuste de cette façon de nous appeler "père", quel est le sens juste ?
La réponse est dans la seconde lecture (1 Tss 2, 7-13). Elle est double. D'une part St Paul rappelle l'attention qui est la sienne pour les communautés chrétiennes : "Frères, avec vous nous avons été comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons" ; et plus loin : "non seulement nous vous avons donné l'Evangile, mais tout ce que nous sommes, car vous nous êtes devenus chers". St Paul y voit une vertu maternelle, ce pourrait être tout aussi bien une vertu paternelle. Se donner soi même, non pas donner des choses ou du temps, ça ne suffit pas pour être père, mais se donner soi-même, tout entier, comme un père. Souvent, un peu pour plaisanter, je dis à tel ou tel jeune, "tu sais, je suis un père pour toi". C'est vrai ! Toute proportion gardée, bien sûr. C'est vrai, parce que, 1ert comme un père, ce que je veux c'est que tu grandisses ; et pour ça 2emt, je suis prêt à donner beaucoup de moi-même ; et 3emt, j'ai de l'affection pour toi ; évidemment, pas celle d'un vrai père, mais quand même ! Par parenthèse, assumer cela avec lucidité c'est, pour une part, sublimer ce dont le célibat nous prive.
Le second aspect de la réponse de St Paul à la question "pourquoi nous appeler père ?", on le trouve à la fin de cette lecture. "Quand vous avez reçu de notre bouche la Parole de Dieu, vous l'avez accueillie pour ce qu'elle est réellement : non pas une parole d'homme, mais la parole de Dieu qui est à l'œuvre en vous, les croyants". Si on m'appelle Père, c'est parce que, ce dont je suis porteur, ce que j'annonce et la raison pour laquelle je suis ici, ce ne sont pas mes exploits personnels, ni mes mérites, ni mes qualités, mais parce que j'annonce et je donne Dieu, celui que nous appelons "notre Père". J'y suis tout entier voué. Là aussi, il y a sans cesse un travail de purification à faire, mais telle est bien notre vocation ; être les ambassadeurs de la paternité de Dieu. Ainsi donc, le titre de Père que nous donnons aux prêtres est une évocation, un rappel de notre vocation.
Extrait d'une homélie du père Bernard Klasen (31ème dim. / A)
Pour la prière personnelle
C'est simple : prier pour vos prêtres. Rendez grâce à Dieu. Demandez-lui de savoir les accueillir. Réjouissez-vous de la vocation à la paternité qui est la vôtre ou celle de ceux qui vous sont proches.