Magazine Journal intime

Bivouac d’hiver (2)

Publié le 18 février 2010 par Dunia

Montagnes neuchâteloises

Nuit, silence et féerie du matin

Chaque fois que j’ai dit que j’allais faire un bivouac d’hiver, j’ai entendu la plupart de mes interlocuteurs hurler “Mais t’es folle tu auras froid”! Or je savais que je n’aurais pas froid. Je me connais, je connais Sacha et son goût des choses bien faites, je connais mon corps. En revanche je prévoyais quelques maux très différents à ceux qu’on m’annonçait, à savoir: mal de dos, mal à  la cheville droite que mon orthopédiste me suggère d’opérer, insomnie -je n’arrive à dormir que dans mon lit- et… difficultés à uriner. Cela n’a pas raté, je les ai tous eu. Prévus dans mon carnet noir, je les ai assumé et ils n’ont en rien gâché mon plaisir! Je m’en serais bien passée quand même!

A peine déchaussée sous la tente, j’ai senti enfler ma cheville endolorie par les chutes et une envie d’uriner larvée. Hélas, contrairement à la plupart des femmes, je suis incapable d’uriner dans des situations exceptionnelles quand je me sens stressée. J’ai donc décidé de repousser le pipi. Après la fondue, je me suis aperçue que je serais inapte à uriner dans le froid. J’ai remis à plus tard, mais plus tard j’avais toujours l’impression que mes muscles pelviens enserraient mon conduit urinaire dans des étaux. J’ai décidé de retenir mes envies de pisser jusqu’au lendemain.

Encagoulée jusqu’aux yeux, un bonnet enfoncé sur la cagoule, coincée dans le sac de couchage ouvert d’une unique petite fente, tandis que Sacha dormait, je m’absorbais dans le silence de la prairie et dans le grattement des flocons de neige qui tombaient en frappant la toile de la tente. Grandiose. Hormis qu’à force de peu bouger, ma sciatique à peine soignée les deux jours précédents par de hâtifs massages, s’est réveillée tandis que l’insomnie me forçait à garder les yeux ouverts. Pas grave. J’ai écouté le silence, mon souffle, celui de Sacha, mes battements de coeur et… d’innombrables vrombissements d’avions. Au moins une douzaine depuis l’extinctions des bougies jusqu’au petit matin. Je suppose que notre champs de neige devait se situer au-dessous d’un couloir aérien. Normalement, l’on entend guère ce bruit durant la journée. Révélés par le silence de l’obscurité “sibérienne”, j’avais l’impression que des Boings s’apprétaient à ouvrir leur train pour atterrir dans l’espace réservé à notre nuit. J’ai longuement médité sur tous les bruits parasites que la civilisation nous impose sans que nous nous en apercevions, en essayant d’oublier mon mal de dos.

A huit heures du matin, après avoir dormi par intermittence, sentant mes muscles enfin relâchés, je suis sortie de mon sac de couchage, j’ai enfilé mes bottes, secoué la neige qui couvrait la tente et suis sortie pour uriner dans la neige comme une bienheureuse, en admirant un paysage féerique. Le thermomètre indiquait -10 degrés mais je n’avais pas froid. Fabuleuse expérience. Bonheur.

(La suite et fin demain)

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Notre tente à 8h du matin. J’avais enlevé la neige qui la recouvrait, mais on peut voir qu’il a légèrement neigé durant la nuit à nos sacs et raquettes restés dehors.

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Nos raquettes et bâtons sous la neige.

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Le paysage au sud.

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Le paysage à l’ouest.

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La tente à l’intérieur.

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Moi entrant dans la tente après m’être repue d’air frais et de paysage féerique.

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L’une des ouvertures de la tente.

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Le paysage vu de la tente.


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