Depuis quelques temps, je regarde les émissions de relooking. Elles poussent comme des petits champignons, et sont à peu près toutes construites de la même manière : on prend un mec ou une fille, qui se traîne depuis des années un look sac-à-patates, ado-attardé, ou totalement décalé, et en deux-trois coups de ciseaux, et quelques conseils de Christina Cordula (C’est magnifaïïique ma chériie !!), on retrouve un prince ou une princesse qui ne soupçonnait pas tant de beauté en lui/elle. Je le dis sans aucune ironie, j’aime bien ces émissions. Je ne suis pas une accro de shopping et de mode, même si je ne dis pas non à un flambage de CB de temps à autre, mais j’aime bien assister à ces transformations physiques.
Maintenant, y’a un détail qui m’horripile, et qui revient à chaque émission. Pour ceux qui ne regardent pas ce programme, il faut vous imaginer qu’en général, les femmes relookées arrivent en dégaine du dimanche (survet/pantalon de camouflage, baskets qui ont fait la guerre 14-18, cheveux broussailleux…) et finissent en robe du soir, talons aiguilles, coiffure de star. Jusqu’ici tout va bien. Sauf que la plupart des participantes, quand elles se regardent dans le miroir à la fin, prononcent toutes cette phrase étrange « Je me sens femme !! Merci Christina ». La première fois que je l’ai entendu, je n’ai pas fait attention, mais à force de la voir revenir, je me dis qu’il y a comme un problème dans le message que cela véhicule, et dans l’imagerie que ces femmes se font précisément… de la femme.
Qu’elles pensent que la jupette et les talons mettent davantage en valeur leur silhouette de femme, d’accord. Mais qu’on réduise la féminité à une image stéréotypée tout droit sortie des magazines féminins (sexistes au possible pour la plupart), et pire, qu’elles insinuent qu’elles ne se sentaient pas femme avant en dégaine du dimanche, me pose problème. Un homme, quand il va se mettre en costard cravate, alors qu’il a l’habitude de se mettre des jeans toute la sainte semaine, ne dira jamais « Wahou, je me sens homme ». Je ne vais pas faire la naïve, tout le monde sait que l’homme et la femme n’ont pas le même « rôle » à jouer dans cette société. Pour une femme, j’en avais déjà parlé ici, son rôle premier, ce que l’on attend d’elle partout, dans sa vie privée, au boulot même si ce rapport est sous-jacent, demeure hélas encore d’être jolie. C’est son obligation quand elle naît, et si elle ne l’est pas, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour le devenir, chacune procédera en fonction de ses moyens (mode, maquillage, chirurgie esthétique etc.) Pour les hommes, qui ne constituent pas la clientèle la plus régulière des chirurgiens esthétiques et des boutiques de mode, et pour cause, leur obligation, c’est d’avoir de l’argent. L’homme doit travailler et gagner de l’argent pour exister. Quand la fille porte depuis sa tendre enfance ce poids de la société qui lui demande d’être jolie, le petit garçon lui, portera un même poids sur les épaules qui lui dira : ait un bon boulot et gagne ta vie, pour toi, pour draguer des femmes, pour avoir une belle voiture, etc.
Tout ceci, ce n’est bien sûr par moi qui le dis, c’est la société dans laquelle nous vivons, et nous pouvons le critiquer, c’est malheureusement encore sous ces règles tacites, jamais revendiquées mais toujours flottantes dans l’air, que nous devons nous positionner chacun à notre manière. Soit en y adhérant et en les renforçant, soit en les condamnant, comme je tente de le faire avec le « Je me sens femme ». Parce que si être une femme signifie être « en talons aiguilles-jupe » ou porter du gloss, je vous avoue très franchement que sans le savoir, j’ai du être une femme 10 jours maximum dans toute ma vie.
C’est pourquoi, j’ai énormément de mal avec les femmes qui prononcent ce genre de phrases, précisément parce qu’elles en sont. Dans la bouche d’un mec, gros macho de base, à la limite, ça m’énerve mais ça me choque moins, car que ferait-il le pauvre sans ses clichés de base. Mais qu’une femme dise ça, et cautionne du même coup tout un processus de pensée qui nie ce qu’elle est et la rabaisse au rang de poupée Barbie, alors là, ça m’horripile. Je veux bien être indulgente en considérant le fait que c’est la société et ses normes établies qui les conditionnent à penser ainsi. Mais il faut quand même se dire que si les femmes elles-mêmes véhiculent ce genre d’image, que pouvons-nous attendre des hommes ; C’est un cercle vicieux. Oui, en survet’, en baskets, avec une parka pourrie, je revendique que j’étais aussi une femme ce jour-là. Et celui qui viendra me parler féminité, je lui mets mon poing dans la gueule en plus. Parce qu’une femme, ça peut même jouer à l’homme des fois.
En souhaitant illustrer mon article, j’ai tapé féminité dans Google, et voici ce que ça donne
Ah ouais ? J'aurais plutôt dit "Pouffiassité" moi...
Ah carrément...
Ben oui, tu m'étonnes...
Dommage qu'elle ait viré facho, mais j'avoue, qu'est-ce qu'elle était belle...
Re-pouffiassité on dirait...
Alors la reine de l'effeuillage, qu'est-ce qu'elle me les gonfle avec son faux art pourri et ses corset qui lui coupe la circulation sanguine
de Pierre Farel - Féminité- j'aime bien car ce n'est pas figé