Jusqu’à il y a quelques mois, j’ai fermement cru ne jamais pouvoir à
nouveau rencontrer quelqu’un qui me ferait autant d’effet que lui. Je ne l’ai d’ailleurs jamais souhaité, pas un seul instant en l’espace de quinze ans. Mais qui peut se croire à l’abri d’un
imprévu ? Ici, à Berlin, voilà que depuis quelques temps on me cherche du regard plusieurs fois par semaine : des yeux verts impérieux et timides, qui me fixent avec insistance, jamais
très longtemps mais d’une façon toujours très appuyée, je ne crois pas me tromper, des
yeux qui me plaisent et me font parfois peur. En temps voulu, des éclaircissements fournis par celui à qui ils appartiennent mettront un terme à ce jeu qui pour le moment me convient, et
peut- être, je dis bien peut-être, aurai-je alors cent fois mieux à faire qu’écouter une voix parler dans une machine absurde la nuit, à deux mille kilomètres de distance.
J’avoue ici être prêt à changer mes habitudes. Oublier Marseille. Ce serait un beau titre, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas encore fait,
même si au moment où j’écris ces lignes je sens décliner un peu la
fascination qu’exerce sur moi celui à qui elles sont consacrées.
(à suivre...)