Exercice difficile que de concilier "avoir un message à faire passer" avec la littérature. Je ne tais pas ma position qui est que non, la littérature n'est ni une petite affaire privée, ni une affaire publique, ni une affaire à communiquer, une chose qu'on aimerait dire, ni affaire d'universel... bref, si on fait un roman engagé, il l'est sans doute tout autrement. Néanmoins, il est des gens qui même d'accord avec cette grande vérité si l'en est, lisent autre chose que de la littérature vue si noblement. Et il est peut-être aussi parfois de ces individus qui tentent l'écriture même si loin de l'art ou de la pensée. La sagesse conduit au silence dit-on. Devrais-je me taire car il me serait impossible de "soutenir" un livre dont l'auteur marche ailleurs que sur les voix proustiennes, ou d'autres d'ailleurs connues d'elle. Ah l'université ! Ah la culture ! Renvoyons sans s'épuiser, à peine ! à Gilles Deleuze, ABCédaire lettre C comme Culture, mais nous pouvons aussi nous passer de lui et nous contenter de toute la littérature, de toute la pensée de la chose littéraire. Toutefois, l'édition étant très largement réac, conservatrice, bourgeoise dans ce qu'elle publie que l'on peut aussi parfois saluer l'arrivée de choses qui le sont moins, comme ce livre, Jusque dans nos bras, d'Alice Zeniter. Récit de deux jeunes amis d'enfance qui se marient afin de permettre à l'un d'eux, "Mad", de rester en France. Dans l'ensemble, une écriture simple et "amusante" si l'on surmonte les facilités qui peuvent agacer. Certains passages sont bien écrits, plus libres aussi. Je ne suis pas critique littéraire, n'emploierai donc pas l'insupportable ton de la "presse littéraire" (et vous savez ce que j'en pense), mais si vous aimez lire des choses "pas prise de tête" sans tomber dans le vide, vous aimerez peut-être celui-ci, c'est chez Albin Michel, et ça sort en mars.
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