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La souffrance ne cessait pas mais par moments, France se sentait suffisamment alerte pour se redresser un peu et offrir à son frère et sa sœur fous de joie un instant de réconfort. Cependant le répit était de courte durée. La fièvre, très vite, la submergeait, enflammant ses yeux, nouant sa gorge, tordant son corps et saccadant sa respiration.
« Oh ! France ! Sanglotait Alissa en appuyant son front contre le sien. Que faut-il faire pour te soulager, mon dieu ? Que faut-il faire ? »
Haletante, France la regardait tristement sans répondre. Elle semblait pourtant vouloir leur dire quelque chose, les supplier de l’aider à sortir de cet enfer… Mais à chaque fois, son silence douloureux n’obtenait que les larmes d’Alissa et la détresse d’Adam. A chaque fois, la rage l’envahissait, durcissant son regard, crispant ses traits et ses mâchoires. A chaque fois, farouche et… résignée.
Bientôt ils manquèrent de nourriture. Alissa frôla la panique. Sans France pour leur expliquer ce qu’il fallait faire, comment allaient-ils survivre ? C’est ce jour là qu’Adam, posant des yeux éperdus sur le visage cireux qui ne cessait de les implorer comprit enfin le message. Il eut un sursaut de révolte et secoua sa jeune sœur :
« Alissa ! Alissa ! Il faut trouver de quoi manger, tu entends ? Il faut voler, comme autrefois ! Il faut… il faut… »
Il semblait comme fou. Alissa le dévisagea avec effroi :
« Mais… mais comment… ?
- Bon dieu ! Nous n’allons pas laisser France comme cela ! Cria-t-il. Elle va mourir si nous ne faisons rien ! Elle va partir… comme Allan ! »
Horrifiée, Alissa baissa la tête vers l’aînée. Une lueur étrange brilla intensément dans le regard de France. Elle entendait, comprenait, voulait encourager…
« Regarde ! Balbutia Adam. Alissa, elle… elle a besoin de nous ! Elle le dit… Alissa, France nous appelle à l’aide… Va-t-on la laisser sans réponse ? »
Ce furent exactement les paroles qu’attendait la pauvre enfant blessée de son frère. Elle ne put parler, joindre sa voix à celle du garçon, trouver la force d’entrouvrir sa bouche, juste une seconde pour faire écho à sa lucidité. Mais ses yeux noirs étaient plus éloquents que tous les mots qu’elle aurait pu dire à cet instant. Leur expression atteignit Alissa en plein cœur.
« Tu as raison ! S’écria-t-elle, galvanisée. Il faut faire quelque chose ! Il faut trouver de la nourriture, de l’eau, des potions pour la fièvre. Il doit y avoir tout ce qu’il faut dans cette ville ! France a besoin de toutes ses forces pour guérir ! Nous ne pouvons pas l’abandonner, non, elle, elle ne nous aurait jamais laissé comme ça sans rien faire ! »
France se sentit bien. Un sourire fugitif, faible, frémit sur ses lèvres gonflées de fièvre. Elle ferma les paupières sur la physionomie résolue de sa petite sœur et de son frère, rassérénée, heureuse. Enfin, ils agissaient.