L'Eglise grecque nous fournira aujourd'hui ces pieuses stances sur le jeûne, que nous empruntons à son Triodion.
(Feria II Hebbdomadae Iae Jeiuniorum)
Mirabilia arma oratio, et jejunium ; hoc Moysem legislatorem effecit, et Heliam inter sacrificia zelatorem :
huic firmiter insistentes, fideles, ad Salvatorem clamemus : Peccavimus tibi soli, miserere nostri.
Spirituale jejunium jejunemus, tortuosos laqueos omnes abrumpamus, declinemus panier malorum exemplorum nequitiam, dimittamusque fratrihus débita, ut nobis quoque delicta nostra
dimittantur; ita enim clamare poterimus : Dirigatur, Domine, oratio nostra, sicut incensum, in conspectu tuo.
Solus bonus, fons misericordiae, Agnus Dei, qui, utpote Deus, tollis peccata mundi. serva me criminum procellis agitatum, et ad paenitentiae semitas dirige.
Purum jejunium, fuga pecccati, pravorum aflectuum abscessus, charitas erga Deum, orationis studium , lacryma cum compunctione, et pauperum cura, quemadmodum Christus in Scripturis
praecepit.
Animam peccati gladio transfossam, multisque criminibus lancinatam sana, o animarum nostrarum medice, utpote benefactor, adhibens mihi sapientium mandatorum tuorum remedia, o clemens!
Compunctioni idoneum nacti praesens jejunii tempus, magnopere lugeamus, atque ingemamus, manusque ad solum Redemptorem, ut animas rosiras solvat, expandamus.
Utinam mihi quoque detur pravos affectus omnes exstinguere, et tui amorem, Christe, concipere, divinis ditescere, mi bone Jesu, tibique famulatum impendere.
Vide, attende, anima, ne forte dum jejunas, crapulre loco tibi sint injurie, inimicitiae, contentiones adversus proximum, atque a Deo propter tuam negligentiam excidas.
Qua ratione, Christe meus, iram tuam sustinebo, dum ad judicandum veneris ? quidve illic respondebo , cum jussa tua neque fecerim, neque peregerim, Christe ? quare mihi ante exitum
ignosce.
E cupiditatum tyrannide vindica. Domine, animam meam, ut libere voluntatem tuam implens, gaudeam , atque glorincem potentiam tuam in saecula.
Oderis, anima mea , Esau intemperantiam , et Jacobi bona aemuleris, Belial abstinentia supplantes, divina thesaurizes, et laudes Deum in saecula.
Tranquillum iejunii mare nobis nulia actis tempestate praetergredi tribue,donec ad portum Resurrectionis tuas perveniamus, misericors, te in saecula celebrantes.
Le jeûne aidé de la prière est une armure admirable ; c'est lui qui fit de Moïse un législateur, et d'Elie
un zélateur, au milieu des sacrifices. Observons-le avec fermeté, ô fidèles; crions au Sauveur : Nous avons péché contre toi seul, aie pitié de nous.
Jeûnons d'un jeûne spirituel, rompons les filets du tortueux serpent; éloignons-nous de la perversité du mauvais exemple; remettons à nos frères ce qu'ils nous doivent, afin que nos propres
péchés nous soient remis ; c'est ainsi que nous pourrons dire : Seigneur, notre prière s'élève vers toi comme l'encens.
Agneau de Dieu, seul bon, source de miséricorde, qui par ton divin pouvoir ôtes es péchés du monde, je suis agité des tempêtes du péché, sauve-moi, et conduis-moi dans les sentiers de la
pénitence.
Le vrai jeûne, c'est la fuite du péché, la rupture des affections perverses, la charité envers Dieu, le zèle de la prière, les larmes de la componction, le soin des pauvres, comme le Christ
ordonne dans les Ecritures.
Bienfaisant médecin de nos âmes, guéris la mienne blessée du glaive du péché, mise en lambeaux par mes nombreux crimes; applique-moi le remède de tes sages commandements, Sauveur plein de
clémence !
Le temps du jeûne convient à la componction : livrons-nous aux pleurs, gémissons, tendons nos mains vers l'unique Rédempteur, afin qu'il sauve nos âmes.
Qu'il me soit donné d'éteindre tous mes mauvais penchants, de concevoir ton amour, ô Christ ! de m'enrichir de tes dons divins, bon Jésus ! de me livrer à ton service.
Vois, mon âme, sois attentive, de peur que, tout en jeûnant, tu ne remplaces l'intempérance par les injures, les inimitiés, les rixes contre le prochain, et que tu ne te sépares de
Dieu par ta négligence.
O mon Christ! comment soutiendrai-je ta colère , quand tu viendras pour juger ? que répondrai-je, ô Christ! moi qui n'ai pas accompli tes préceptes ? pardonne-moi avant ma sortie de ce
monde.
Arrache mon âme, Seigneur, à la tyrannie des passions, afin que, rendu à la liberté, j'accomplisse ta volonté avec joie, et que je glorifie ta puissance dans les siècles.
Déteste, ô mon âme, l'intempérance d'Esau , imite les vertus de Jacob, remplace Bélial par l'abstinence, amasse un trésor divin et loue Dieu à jamais.
Accorde-nous, ô Christ miséricordieux!
de traverser sans aucune tempête la mer tranquille du jeûne, afin que nous arrivions au port de la Résurrection pour célébrer à jamais ta gloire.