Nous connaissons tous cette phrase : « Rien n’est permanent sauf le changement » (Héraclite d’Ephèse).
Le changement est continuel, il fait partie du mouvement de la vie, de notre monde.
Nous pourrions, comme certains bouddhistes, faire preuve d’un certain détachement face aux vicissitudes de la vie, et dès lors adopter un comportement de « lâcher prise ». Cette attitude semble être la nouvelle religion de ces dernières décennies, du moins si j’en crois les titres de tous les magazines féminins et autres parutions préconisant un certain bien-être dans nos contrées stressées.
C’est une attitude difficile et qui se respecte, bien sûr.
Pour autant, notre culture et notre histoire nous empêchent de réellement plonger dans la béatitude monastique face au mouvement de nos vies. En général, d’une façon ou d’une autre, nous agissons.
Certains, face aux changements, et ce presque naïvement, adoptent la lutte. Ceux-là, bien que nous ne puissions qu’admirer leur courage, ceux-là : nous les pleurerons.
Ils crèveront sur la route.
Nous retiendrons leurs noms, bien sûr : dans les histoires de nos vies ou dans l’Histoire. Héros luttant contre le changement, mais qui, ironie de la vie, par leur combat précisément, changent les choses !
Allons même, dans ce texte, jusqu’à faire une pause en leur honneur, vaillants révolutionnaires, courageux soldats morts aux combats, syndicalistes révoltés, amoureux combatifs refusant de perdre l’aimée, amis grincheux qui voient d’un mauvais œil le déménagement d’un proche, enfant qui ne veut pas grandir, adulte refusant de s’investir, …
[Ceci est donc une pause, un blanc, un silence dans le texte]
En réalité, le changement se fout de nos actes de bravoure. Et pour survivre, seules deux positions sont envisageables : s’adapter ou fuir.
Les deux exigent de nous que nous payons le prix fort.
L’adaptation nous donnera l’illusion que les choses n’ont pas changé, que notre monde tourne comme avant, bien que « pas tout-à-fait », mais on mettra cette impression, ce décalage entre l’avant et le maintenant, sur le temps qui passe.
Ce faisant, à s’adapter, on risque parfois d’y laisser un peu de son âme… Mais on y gagne en confort et en sécurité.
La fuite, elle, vous fera tout perdre. Sauf vous-même.
Dans les deux cas, vous survivrez.
Et au final si vous avez choisi de vous adapter, vous fuirez tout ce qui vous rappellera ce que vous avez laisser de vos illusions en chemin.
Et pour ceux qui choisiront de fuir : vous verrez, vous finirez par vous y …. adapter….
Pour aller plus loin : lire
« Eloge de la fuite » de Henri Laborit aux éditions Folio Essai
« Usage des drogues (licites et illicites) et adaptation sociale » de Astrid Fontaine, Association LRSH (Laboratoire de recherche en sciences humaines)