Nathalie est écrite, comme on le dit du destin. Nathalie est écrite mais voudrait s'écrire elle-même, aussi. Que sa vie ne soit pas seulement la résultante des classifications et des balistiques expertes qui en découlent. C'est peut-être une idée politique, de vouloir s'écrire soi-même. C'est sûrement une idée politique, peut-être même une idée de résistance. Car aujourd'hui il est possible de prédire l'avenir de façon certaine, et Nathalie ne le sait peut-être pas. Il suffit pour cela d'utiliser l'universel système du marché, et le goût pour le pari d'argent qui le soutient. Aujourd'hui il est possible de prédire l'avenir grâce aux récents marchés de prédiction contre lesquels, nous dit on, la resistance est futile. Plus les mises sont nombreuses et importantes, plus l'avenir prédit par le marché est certain. Surtout, nous dit un diaporama confondant, le système est infaillible, puisque l'on sait désormais comment fonctionne le cerveau en état de pari : la peur de la perte étant plus forte que l'excitation du gain potentiel, la rationalité l'emporte sur l'affectif en situation de pari, donc la prédiction est meilleure... Syllogisme imparable, fonder la rationalité sur l'affect de la peur, et faire semblant de remettre le rationnel au centre par le jeu et le mécanisme du casino, en des temps où par ailleurs l'affectif mal traité (maltraité) domine les discours politiques...
Les lecteurs des trajectoires d'oiseaux dans le ciel, les déchiffreurs d'entrailles n'ont qu'à aller se rhabiller.
Ainsi il est possible d'aller parier sur les très prochaines élections régionales 2010, sur le site PrediPol. Dommage que Nathalie n'ait pas beaucoup de liquidité : elle aurait bien parié massivement sur un candidat fantaisiste pour faire mentir l'avenir du marché.
Mais elle se contentera d'aller voter, et de parler de la chose publique avec d'autres, et ce sera peut-être mieux ainsi.