Ce livre-là ne pouvait m'échapper, à cause de l'auteur en premier lieu : Patrick Poivre d'Arvor. J'ai lu plusieurs de ses ouvrages, j'aime sa plume, j'apprécie sa pudeur.
Et puis, il y avait le titre. Ce titre là me parlait. Beaucoup me parlent, mais celui-ci encore plus qu'un autre peut-être : "Horizons lointains - Mes voyages avec les écrivains". Je ne suis pas Patrick Poivre d'Arvor, mais je rêve aussi d'horizons plus ou moins lointains et je voyage toujours, au moins, avec les écrivains.
Il y avait aussi l'illustration de la couverture : le détail d'un tableau peint en 1898 par Joseph Garibaldi, se nommant "Vue du port de la Joliette depuis le Pharo". J'avoue que je ne suis pas une grande amoureuse de Marseille, mais l'actuel port de la Joliette je m'y suis rendue souvent et je sais que j'aurais aimé le découvrir en cette fin du 19ème siècle avec ses vieux gréements.
Joseph Garibaldi. Vue du Port de la Joliette depuis le Pharo
"Horizons lointains. Horizons perdus. De tout temps la littérature s'est nourrie de voyages. Ou d'espoirs de voyages. Voyages dans le passé, dans le futur. Voyages autour de sa chambre, de ses rêves, de ses chimères. Homère n'a pas été le premier - Hérodote l'avait précédé - mais son Ulysse a ouvert la voie à bien d'autres odyssées.
C'est au XIXe siècle que l'art du voyage se fit tout à fait littérature. Et c'est à Harrar, en Ethiopie, que m'est venue l'idée de ce livre. Arthur Rimbaud y a effectué trois longs séjours entre 1880 et 1891. J'ai retrouvé les trois lieux qu'il a fréquentés. Sa dernière demeure est de loin la plus belle... mais il n'y a jamais habité. Elle a été achevée cinq ans après sa mort et c'est en y séjournant, dans la sérénité de cette petite ville millénaire ceinte de murailles, que je me suis persuadé que les écrivains nous faisaient autant voyager qu'ils voyageaient eux-mêmes. Et sans doute davantage encore... Il y a une vingtaine d'années, j'ai emprunté le Moscou-Pékin en me récitant pendant huit jours la prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France que j'avais fini par connaître par coeur. (...)
Mais à mon arrivée à Pékin, après un interminable voyage de Moscou à Pékin, entre steppe, taïga, toundra, lacs et désert, je m'aperçus que Blaise Cendrars, contrairement à ce qu'il racontait, n'avait probablement jamais pris le Transsibérien. Et, ma foi, peu importe, il nous l'a fait prendre, et c'est bien là l'essentiel. (...)
Patrick Poivre d'Arvor
Patrick Poivre d'Arvor - Horizons lointains - Mes voyages avec les écrivains - Le Livre de Poche n° 31361 -