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Les têtes à gifles existent, nous sommes désolés pour eux...

Publié le 25 février 2010 par Chroniqueur
Les têtes à gifles existent, nous sommes désolés pour eux, et c'est terrible pour les autres. La tête à gifle, c'est une personne qui est stupéfaite dans son propre ahurissement. Elle est pétrifiée par un très léger décalage spatio-temporel qui la met toujours un peu à côté, hors du jeu. Sans pour autant la rendre touchante - et c'est là son grand malheur - mais profondément agaçante. La tête à gifle, c'est celui qui, tous les matins, se lèvera au moment où le bus ferme ses portes, qui, dans la file d'attente d'une cafétéria, restera immobile jusqu'à que vous la dépassiez et qui, à ce moment précis, rappelé à lui-même, se précipitera en avant avec son plateau. C'est celui qui regardement fixement votre manteau quand vous lui parlez et vous demande soudain si vous l'avez acheté dans tel ou tel magasin, alors que vous étiez en train de lui parler de toute autre chose.
Oui, la grande malédiction de cette tête à gifle-ci, c'est d'être le petit point d'accrochage dans la fluidité de la journée. En temps normal, on ne les remarque pas, mais il suffit que nos nerfs soient un peu à vif pour qu'ils deviennent les totem de toutes nos faiblesses. Car c'est bien entendu celui qui n'a pas de tolérance pour autrui - et pour lui-même du coup - qui est humainement décalé. Pas notre bonhomme, qui se lève au moment où j'écris ces lignes et que le bus s'apprête, comme chaque matin, à repartir.

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