Telle est prise qui croyait prendre

Publié le 26 février 2010 par Anaïs Valente

(ce billet a été écrit début janvier, d'où l'allusion aux soldes et à un train qui déraille, qui ne me serait pas venue à l'esprit après la catastrophe de Hal, bien sûr...)

Un jour comme les autres, à la caisse bondée d'un supermarché.

Devant moi, une femme comme toutes les autres, qui a fait ses courses et s'apprête à les payer.  Sauf que cette fois, sa carte ne fonctionne pas.  Elle a peut-être trop dépensé ce mois-ci, avec les soldes et tout.  Elle a peut-être atteint son plafond « négatif ».  Elle a peut-être une saisie sur salaire.  Elle a peut-être la surprise de voir sa carte bloquée par sa banque, comme je l'ai eu récemment, passque j'ai eu la super idée de vouloir transférer, de mon compte vue à mon compte épargne, 1000 eur, mais que j'ai tapé 10.000 au lieu de 1.000.  Il va de soi que lorsqu'un client tente de transférer 10.000 eur qui ne sont pas sur son compte sur un autre de ses comptes, c'est une grosse tentative de fraude, une méga escroquerie, qui nécessite le blocage de toutes ses cartes par sécurité.  Enfin soit, j'avais qu'à mieux compter mes zéros.

Bref, elle ne sait pas payer ses courses, elle n'a qu'un peu de monnaie (monnaye, comme on dit ici).

Alors, elle demande à la caissière de retirer un paquet d'articles, pour n'en garder que l'équivalent de la somme dont elle dispose en liquide.

La caissière, revêche comme pas deux, pousse de grands soupirs, mets les articles de côté, et demande à la pauvre dame de ressortir tous ce qu'elle garde des sacs, « passque je vais devoir tout repointer, hein, pas le choix, pffffffffffffffffffffffff (soupir aussi long qu'un jour sans chocolat blanc spéculoos) ».

Et elle repointe, et la cliente paie avec sa maigre monnaie.

Et c'est à moi.

J'étale mes courses sur le tapis roulant, je tends ma carte du magasin, et j'attends.

Notre revêche sorcière caissière se met au travail, et pointe mes articles.  Arrivée au dernier, elle pousse de hauts cris et sa caisse se met à dérailler, pire qu'un train de marchandises en 1810.  L'écran s'éteint, se rallume, affiche sans cesse la totalité de mes achats mais refuse de faire le moindre total, puis s'éteint à nouveau, se rallume... Le manège dure plusieurs minutes, durant lesquelles je suis d'une patience d'ange.  La caissière s'excuse, mais je la rassure d'un « vous n'en pouvez rien », compréhensif.  Je suis de bonne humeur, et l'idée de lui lancer un « vous allez devoir tout repointer, hein, pas le choix, pfffffffffffffffffffffff », ne m'effleure même pas.  C'est pourtant ce qu'elle fait, tout repointer, après avoir réinitialisé sa caisse. 

Je ressors le barda de mes sacs recyclables, et elle repointe.

Et la caisse replante.  Et ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord d'accord.  L'écran s'éteint, se rallume, affiche puis n'affiche plus, enfin on a déjà connu ça.

Soudain, éclair d'ingéniosité, ma caissière, de plus en plus angoissée, tandis que je suis de plus en plus souriante (ceci sans rire, je suis toujours de bonne humeur à cet instant T, et cette mésaventure commence à m'amuser énormément, vu ce qui s'est passé juste avant), réalise que c'est un, et un seul, article, qui fait tout planter.

Elle décide alors de ne plus le scanner, mais d'encoder manuellement son prix.  Comble de tout cela, cet article est gratuit, mais pour valider le bon, elle doit le scanner au préalable.

Sauf que, pour recommencer la procédure, elle doit scanner à nouveau toutes mes courses.  Ah, ah, ah, keskon se marre.  D'autant que j'ai du surgelé, mais je suis d'un calme olympien, étonnamment.  La file derrière moi s'allonge, mais je n'en ai cure, car je ne suis pas responsable (quand je le suis, responsable, qu'on attend un prix, ou que je rouspète pour quelque chose, là, je suis stressée, rouge tomate et suintante, mais ici, je suis zen, archi-zen, comme les chaussettes de l'archiduchesse, qui elles sont sèches).

Et je ressors à nouveau mes courses des sacs recyclables, et miss caissière scanne à nouveau le tout SAUF un.  Et le miracle se produit.  Ça maaaaaaaaaaaaarche.

Je peux alors emballer une troisième fois mes courses, payer, et au revoir miss caissière, bonne journée.  Elle se confond encore en excuses, me remercie énormément pour ma patience et me gratifie, en remerciement éternel, d'un paquet de cachets auxquels je n'ai pas droit... afin que je puisse avoir de nouveaux articles cadeaux (et que j'ai perdu depuis, donc j'ai pas eu mes cadeaux gratuits, dommach')...  

Ah, keskon se marre aux caisses de supermarché, ma bonne Dame.