Déprime

Âme en vagues

Plongeuse des abysses

Soleil sur montagnes blanches. Température printanière. Fenêtres ouvertes sur jardins enneigés. La première mouche de l’année vole dans ma cuisine. Dehors un calme dominical. Ma chienne me regarde amoureusement. Mes rats pètent la santé. Je reçois des messages tendres. Enflammés. Admiratifs. Tout semble en place pour le bonheur. Tête lourde, je déprime. Dans la tasse mon café froid se révèle amer. Aujourd’hui le canton de Neuchâtel fête son indépendance . Je célèbre ma plus grande joie. Je célèbre ma plus énorme dépression. Dix ans déjà. J’écoute Camaron de la Isla. Envie de pleurer. Je retiens les larmes. Sur le clavier, je tape des mots avec des doigts gelés. De l’autre côté de la vallée, de noirs sapins érigent au ciel leurs cimes sombres. Vie romanesque sur roman mort. On me dit  “Tu m’as donné du bonheur”. On me dit: “Avant de te connaître, je n’étais rien”. On me dit ” Grâce à ton blog je me sens moins seul(e)”. Je distribue de la  joie. Parait-il. Parfois. Quand je ne m’acharne pas à détruire. Impression de ne pas être celle que prévoyais devenir. Ou d’être celle que j’espérais devenir, amputée d’une partie de mes rêves. Penser à passer mes écrits, tous gravés sur disquettes, sur cd avant qu’aucun ordinateur ne  puisse les lire. Avant que la technologie les force à l’oubli. Je suis celle qui pose ses lèvres sur le maudit. Sur l’infortune. Dans des abysses de larmes, je nage. J’illumine d’obscures profondeurs. Sels sulfureux, je respire. Ma vie ne sait sans passer. Ma vie se passe déjà de ce que je croyais essentiel pour elle. Roman mort sur affres de vie romanesque.

Peut-être tout est-il parfait.

Peut-être les choses sont-elles comme elles doivent être.

Dans les tréfonds je plonge.

Je débusque des monstres à l’agonie que ma bouche nourrit de nectar.

Me trompe-je en croyant que mon existence aurait dû être différente?

Serais-je en harmonie en ignorant que je suis en phase?

Méditation entre deux vagues de déprime.

Extrait de Swiss trash.