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Mois de mars : Mois de saint Joseph

Publié le 02 mars 2010 par Hermas

aze-copie-5.jpgLE DON DU NOM DE JOSEPH

[Isidore de Isolano, o.p., Somme des dons de saint Joseph, 1ère partie, chap. 1]

Le nom, ainsi que l’enseigne sagement saint Thomas, est imposé à chaque homme soit pour une raison humaine, soit par inspiration divine : « Les noms de chaque homme tirent leur origine de quelque particularité de la personne à laquelle ils sont donnés; parfois en raison du temps : ainsi on donne le nom de certains saints à ceux qui naissent le jour de leur fête. D’autres fois en raison de la parenté: ainsi on donne le nom du père ou de quelque parent au fils, ainsi les proches de Jean-Baptiste ont voulu l’appeler Zacharie, comme son père, et non pas Jean, parce que, comme le dit saint Luc, “personne ne portait ce nom dans sa famille” (Lc 1,61). Ou encore en raison de certains événements, comme le fit Joseph en appelant son premier-né Manassé, en disant : “Dieu m'a fait oublier toute ma peine et toute la famille de mon père” (Gen. 41,51). Ou, enfin, en raison d’une qualité particulière de celui auquel le nom est imposé, ainsi qu’on le lit dans la Genèse : “Il était roux et tout entier comme un manteau de poils; on l'appela Ésaü” (25,25). En revanche, les noms imposés par la volonté divine expriment toujours un certain don divin gratuitement accordé. Ainsi, il a été dit à Abraham : “On ne t'appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d'une multitude de nations” (Gen. 17,5), et à Pierre : “Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle” (Mat. 16,18)» (Somme de théologie, 3, q. 37, a. 2).


Or il y a trois raisons pour lesquelles nous croyons que l’époux de la bienheureuse Vierge Mère de Dieu a reçu du ciel le nom de Joseph :


Premièrement, parce qu’il est la réalisation d’une figure. Joseph, fils de Jacob, dont on dit tant de choses dans les chapitres de la Genèse, est la figure - comme l’observe le grand Docteur Albert [le grand] - de cet autre Joseph, tant du point de vue de la fidélité à son seigneur, dont il n’a pas touché l’épouse, que de la chasteté qu’il a en cela manifesté. Il l’est aussi quant à l’interprétation des songes, et dans le ministère qui consistait à procurer et à administrer les biens.


Deuxièmement, par la succession des faits. Nous ne savons pas expressément pourquoi ce juste a reçu le nom de Joseph. L’Ecriture ne le dit pas. Cependant, le fait est qu’il l’a reçu, nous ne pouvons en douter si nous considérons qu’il ne pouvait moins recevoir qu’Abraham, Jacob ou Pierre, dont les noms leur furent imposés par la volonté divine, alors que saint Joseph les dépasse tous incomparablement, comme époux de la Mère de Dieu et père putatif de son Fils.


La troisième raison nous est donnée par le nom même. Joseph veut dire augmentation, ou addition, comme on le voit dans la Genèse : «elle l'appela Joseph, disant : Que Yahvé m'ajoute un autre fils !» (30,24).


Commentant ce passage, saint Albert le grand écrit : «La propriété et la signification de ce nom - qui indique l’augmentation - ne convient à personne mieux qu’à lui, parce qu’il devait être grandi, en soi, devant Dieu et devant autrui par l’augmentation de ses vertus, la célébrité de sa renommée, le respect et l’amour des hommes, sa familiarité avec la Mère de Dieu et sa paternité divine» (Mariale, q. 23, § 2, Op. Omnia, t. 37, p. 50).


Saint Bernard a recueilli les mêmes raisons en écrivant : «Il ne fut ni le mari de la Mère, ni le père du Fils, bien qu’il ait été appelé et tenu pour tel pendant un certain temps par une certaine nécessité. Mais cette dénomination, bien que gratuite, montre à quel point le Seigneur a voulu l’honorer en l’appelant, et en le considérant comme son père. Son seul nom, dont la traduction est “augmentation”, indique qui a été cet homme Joseph.»


«Souvenons-nous, poursuit-il, du patriarche Joseph, vendu aux égyptiens. Celui-ci, non seulement porte le même nom mais l’imitation de sa chasteté, de son innocence et de sa grâce. Celui-ci, vendu par l’envie de ses frères et conduit en Egypte, préfigura le Christ, vendu; celui-là, fuyant la jalousie d’Hérode, conduisit le Christ en Egypte. Celui-ci, fidèle à son maître, respecta son pouvoir; celui-là garda fidèlement son épouse, la Mère du Seigneur, en protégeant sa virginité. Celui-ci eut le don d’interpréter les songes; à celui-là fut accordé de connaître et de participer des célestes mystères. Celui-ci conserva le pain, non pour lui, mais pour tout le peuple; celui-là reçut du ciel le Pain vivant qu’il devait protéger pour soi et pour le monde. Nous ne pouvons douter de la bonté et de la fidélité de saint Joseph, époux de la Mère du Sauveur. Il est ce serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a constitué gardien de sa Mère, nourricier de son Fils et unique et très fidèle coadjuteur du grand Conseil sur la terre» (Homélie 2 super Missus).


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