Magazine Humeur

Prières de la 2ème semaine de carême (lundi)

Publié le 03 mars 2010 par Hermas

L'Eglise grecque nous donne pour ce jour ces pieuses stances sur le jeûne, que nous empruntons à son Triodion.

(Feria II Hebbdomadae IIae  Jejuniorum.)

Le jeûne aidé de la prière est une armure admirable ; c'est lui qui fit de Moïse un législateur, et d'Elie un zélateur, au milieu des sacrifices. Observons-le avec fermeté, ô fidèles; crions au Sauveur : Nous avons péché contre toi seul, aie pitié de nous.

 

Jeûnons d'un jeûne spirituel , rompons les filets du tortueux serpent; éloignons-nous de la perversité du mauvais exemple; remettons à nos frères ce qu'ils nous doivent, afin que nos propres péchés nous soient remis ; c'est ainsi que nous pourrons dire : Seigneur, notre prière s'élève vers toi comme l'encens.

 

Agneau de Dieu, seul bon, source de miséricorde, qui par ton divin pouvoir ôtes es péchés du monde, je suis agité des tempêtes du péché, sauve-moi, et conduis-moi dans les sentiers de la pénitence.

 

Le vrai jeûne, c'est la fuite du péché, la rupture des affections perverses, la charité envers Dieu, le zèle de la prière, les larmes de la componction, le soin des pauvres, comme le Christ ordonne dans les Ecritures.

 

Bienfaisant médecin de nos âmes, guéris la mienne blessée du glaive du péché, mise en lambeaux par mes nombreux crimes; applique-moi le remède de tes sages commandements, Sauveur plein de clémence !

 

Le temps du jeûne convient à la componction : livrons-nous aux pleurs, gémissons, tendons nos mains vers l'unique Rédempteur, afin qu'il sauve nos âmes.

 

Qu'il me soit donné d'éteindre tous mes mauvais penchants, de concevoir ton amour, ô Christ ! de m'enrichir de tes dons divins, bon Jésus ! de me livrer à ton service.

 

Vois, mon âme, sois attentive, de peur que, tout en jeûnant, tu ne remplaces l'intempérance par  les injures, les inimitiés, les rixes contre le prochain, et que tu ne te sépares de Dieu par ta négligence.

 

O mon Christ! comment soutiendrai-je ta colère , quand tu viendras pour juger ? que répondrai-je, ô Christ! moi qui n'ai pas accompli tes préceptes ? pardonne-moi avant ma sortie de ce monde.

 

Arrache mon âme, Seigneur, à la tyrannie des passions, afin que, rendu à la liberté, j'accomplisse ta volonté avec joie, et que je glorifie ta puissance dans les siècles.

 

Déteste, ô mon âme, l'intempérance d'Esau , imite les vertus de Jacob, remplace Bélial par l'abstinence, amasse un trésor divin et loue Dieu à jamais.

 

Accorde-nous, ô Christ miséricordieux!

de traverser sans aucune tempête la mer tranquille du jeûne , afin que nous arrivions au port de la Résurrection pour célébrer à jamais ta gloire.

Nous offrons, aujourd'hui et les jours suivants, (en raison de sa longueur), la belle Hymne de Prudence sur le Jeûne. Le Lundi de la semaine de la Passion utilise ce qui a rapport à la pénitence de Ninive. Cette Hymne, en usage autrefois, pour quelques-unes de ses strophes, dans plusieurs Eglises de la Liturgie Romaine, est employée tout entière au Bréviaire Mozarabe.

HYMNE de Prudence sur le Jeûne (1)

O Fils de Nazareth, astre de Bethléhem,Verbe du Père, toi qu'enfanta pour nous un sein virginal ; ô Christ ! agrée nos chastes abstinences. O Roi ! nous t'offrons la victime du jeûne : d'un œil serein regarde notre fête.

 

Rien de plus saint que ce rite mystérieux qui purifie la fibre vivante du cœur, qui dompte l'intempérance jusque dans son siège, de peur que la plénitude du corps n'étouffe l'ardeur de l'esprit.

 

Le jeûne subjugue la liberté des sens et la gourmandise honteuse ; l'assoupissement que produisent le vin et le sommeil, la licence qui souille, la mollesse impudente, tous les vices de notre nature paresseuse y ressentent le joug d'une étroite discipline.

 

Si l'homme se laisse aller sans frein au manger et au boire, s'il ne contient ses membres par le jeûne, la noble flamme de l'esprit s'attiédit bientôt ; elle s'amoindrit dans des jouissances qui la flétrissent ; l'âme s'endort dans la lâcheté du corps.

 

Réfrénons donc le désir de la chair ; que la prudence se ravive et brille au dedans de nous-mêmes ; la pointe de notre esprit s'aiguisera, l'âme aspirera d'un souffle plus libre, et sa prière s'adressera plus dignement à celui qui l'a créée.


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