J'ai testé le cinéma muet (Métropolis)

Publié le 04 mars 2010 par Anaïs Valente

Dans le Vif (oui, je reçois le Vif, Je sais, c'est étonnant, mais j'ai pas dit que je lisais le Vif), enfin dans son guide TV, je découvre un article vantant les qualités d'un film : Trucmachinpolis.  Un film qui avait été tronqué à sa sortie, et dont les bandes coupées ont été retrouvées, et tout et tout et tout.  Bon, je me dis que je dois voir ça, d'autant que c'est suivi d'un documentaire qui explique tout sur ces fameuses bandes coupées puis rattachées.  Bref passionnant.

Tellement passionnant que je ne parviens plus à me souvenir du titre : ...polis.  Métropolis ?  Non.  Cosmopolis ? Non.  Monopolis ?  Non ça c'est Starmania...

Donc j'enregistre la soirée spéciale ...polis.

Et le lendemain, je regarde.  Ce film enregistré sur Arte, j'oubliais de le préciser.

J'ai pu constater, en regardant quelques vieux films d'Arte (Cléopâtre, Comment épouser un millionnaire - je n'ai su finir aucun des deux, pas moyen d'accrocher), que les génériques du début sont soporifiques au possible.  Celui de Comment épouser un millionnaire (à moins que ce ne soit un milliardaire), sauf erreur, consiste en la vue d'un orchestre durant près de dix minutes.  Long.  Décourageant.  Pour ...polis, même topo, un orchestre.  Je joue de la télécommande pour que le film commence plus vite.

Et ça commence.

Mauvaise nouvelle.  Le film est en noir et blanc.  Vous me direz, logique pour un film des années 30.  J'ai aucune culture de la couleur et du noir et blanc.  On a d'ailleurs eu un débat sur l'arrivée de la TV couleur l'autre jour (l'autre jour, pour le débat, pas pour l'arrivée de la TV hein).  Je pensais qu'en 1970 c'était encore le noir et blanc.  Et bien non.  Par contre, donc, en 1930, les films étaient bien en noir et blanc.  Bon, je m'y ferai.  C'est pas dramatique, hein le noir et blanc.

Bonne nouvelle. Le film (Cosmopolis ?) est en version originale.  Et pour cause : il est muet.  Oui, vous lisez bien.  Un film muet.  Ce genre de film que, selon moi, on diffusant en 1899, avec un pianiste à côté, pour mettre l'ambiance.  Un film où alternent scènes filmées et textes blancs sur fond noir, qui donnent des détails ou font « parler » les acteurs.  J'en reviens pas.

Un film en noir et blanc, muet.  Un film muet en noir et blanc.  Bon, tous les films muets sont sans doute en noir et blanc.  Mais tous les films en noir et blanc ne sont pas muets.  Petite leçon de math : les ensembles.  A droite, les muets.  A gauche les noir et blanc.  Dans l'intersection, les muets ET noir et blanc.  Donc Trucmachinpolis.

Ça ne me donne pas plus envie de le voir, ce film, cette histoire d'ensembles.

Mais je vais le regarder, je l'ai dit.

C'est ma punition.  Une pénitence.  « Article 1 du code de la télévision : tout qui s'adonnera au visionnage d'une émission de télé réalité débile - pléonasme - genre ferme ex-célébrités devra par la suite redorer le blason de ses neurones en regardant un film culte, muet et en noir et blanc ».

Pénitence.  Qui commence.

Et je suis sciée. 

C'est pas un film, ce truc.  Les acteurs, ils jouent pas comme ceusses d'aujourd'hui.  Ils exagèrent leurs expressions d'une façon ridicule.  Comme ils ne parlent pas, ben ils singent les expressions : colère, amour, étonnement...  A grands coups de rides bien marquées, de bouches bien ouvertes et d'yeux bien écarquillés.  Tout me semble ridicule. 

Ridicul(t)e...

Je m'accroche.  Je décroche.  Je m'accroche.  Je décroche.

Je tente de faire autre chose en même temps, pour qu'il passe vite, le temps.  Mais regarder un film muet en vaquant à d'autres occupations, c'est comme avoir sa TV éteinte, banane d'Anaïs.

L'histoire est finalement encore d'actualité : à la surface de la terre, les nantis, qui vivent dans l'opulence et le luxe ; sous la terre, le peuple, ouvriers exploités et miséreux.  Ça me rappelle le Bois du Cazier...  Ce pourrait être passionnant.  Ce doit l'être pour certains, ça a dû l'être à l'époque.

Mais rien à faire, je n'y parviens pas.

Pourtant, je vous jure que j'ai essayé.  Pourtant, je vous jure que je sais m'intéresser à plein de choses diverses et variées.  Tiens, je viens de regarder une émission passionnante d'Arte sur Chopin, qui m'a permis de découvrir sa vie, son œuvre, et de réaliser que « Lemon incest », ben c'est sur du Chopin.  Qui m'a permis de voir des mains pianoter d'une façon magistrale.  J'ai aussi regardé le théma d'Arte sur la prostitution, passionnant également.  

Mais Métropolis (c'est finalement ce nom-là, sauf erreur), j'arrive pas.

Alors, après 38 minutes, j'abandonne lamentablement, pour rester fidèle à mon principe : la vie est trop courte pour se la pourrir avec des trucs que j'aime pas, si du moins c'est possible (bosser, j'aime pas, voter j'aime pas, nettoyer j'aime pas, pleurer j'aime pas, mais bien souvent pas le choix, donc je bosse, je vote, je nettoie à l'occasion et je pleure pour vider les vannes, mais mater Métropolis, j'aime pas, alors je coupe le magnéto et j'enregistre la ferme ex-célébrités dessus, pour enfoncer le clou de mon inculture télévisuelle).

Ici s'arrête donc mon expérience.  No regrets.  La prochaine fois, promis, je tente « Les temps modernes »...