Dans le
cours naturel, il est des choses qui ont du mouvement par elles-mêmes; mais il
en est d'autres qui ne le reçoivent que d'une cause étrangère. Or dans la
pénitence de nos péchés, il y a des larmes qui coulent toutes seules de nos
yeux; mais aussi il y en a que nous ne répandons qu'avec effort et violence.
Quand donc sans mouvement et sans peine nous nous trouvons attendris, et que
nous répandons avec abondance des larmes d'une douceur céleste, c'est à ce
moment heureux que nous devons nous hâter de courir vers le Seigneur; car c'est
une preuve que, sans L'en avoir prié, Il est venu à nous pour nous faire
présent de l'éponge mystérieuse de la tristesse qui Lui est agréable, pour
créer en nous une source d'eau rafraîchissante, et pour nous faire don de ces
larmes heureuses qui effacent nos péchés sur le livre de Son éternelle Justice.
Conservons-le précieusement avec le plus grand soin, et gardons-le jusqu'à ce
qu'Il juge à propos de nous le retirer Lui-même; car cette douleur, que sa
grâce produit en nous, a bien plus de vertu pour nous purifier de nos fautes
que celle que nous exciterions nous-mêmes dans nos cœurs par beaucoup d'efforts
et de violence.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la tristesse
qui produit la Joie» (RU)