La famille recomposée, c'est la marotte des magazine... Avez-vous eu des expériences de ce genre ? C’est une réussite ou pas dans votre cas ? Les plus et les moins...
« En France, près de 4 millions de personnes sont en couple sans vivre ensemble »
Alors que l’Ined publie une vaste enquête sur les évolutions de la famille française (1), le chercheur Arnaud Régnier-Loilier revient sur une forme d’union qui se développe : les couples stables mais « non cohabitants », où l’homme et la femme gardent deux domiciles distincts
La Croix. Qui sont les couples « non cohabitants » auxquels vous consacrez un chapitre de votre ouvrage ?
Arnaud Régnier-Loilier : Nous avons distingué plusieurs profils. Le plus connu est celui des jeunes qui attendent l’autonomie financière pour s’installer ensemble. Cela prend de plus en plus de temps en raison de l’allongement de la durée des études et de la difficulté à trouver un emploi. En outre, les jeunes profitent de cette période de « chacun chez soi » pour s’essayer à la relation amoureuse avant de sauter le pas. Le phénomène concerne ainsi 26 % des hommes et 31 % des femmes entre 18 et 24 ans, mais aussi 15 % et 12 % de ceux entre 25 et 29 ans. Ce qui est moins connu, c’est qu’un tiers des amoureux non cohabitants ont 40 ans ou plus. Parmi eux, deux profils se dessinent : les personnes séparées ou divorcées avec, souvent, des enfants à charge, et des personnes plus âgées. Au total, près de 4 millions de Français sont en couple sans vivre ensemble, soit 8 % des 18-79 ans.
Pour quelles raisons ces personnes optent-elles pour le « chacun chez soi » ?
Le passé conjugal joue un rôle important. Les personnes divorcées ou séparées ont moins tendance à cohabiter avec un nouveau partenaire, surtout lorsqu’elles ont des enfants. D’une part parce que le partenaire n’a pas toujours envie de vivre avec les enfants de sa compagne (ce sont les femmes qui, dans la grande majorité des cas, obtiennent la garde) ; d’autre part parce que, de son côté, la mère veille au bien-être de ses enfants et souhaite éviter de changer leurs habitudes ou une organisation bien rodée.
Du côté des 55 ans et plus qui choisissent ce mode de vie, on relève une volonté d’indépendance et, pour les veufs, le souci de respecter le conjoint disparu en « préservant » la maison, qui rassemble les souvenirs d’une vie amoureuse passée.