C'est le Vif qui l'avait dit : il faut voir ce reportage sur la danseuse étoile Aurélie Dupont, réalisé par Cédric Klapisch, qui a, selon le Vif toujours « enroulé sa caméra amoureuse autour des jambes de la belle ».
Et c'est exactement ça. Point de téléréalité ici, mais la pure réalité de son travail titanesque pour en arriver là où elle est. Rien de sa vie privée, à part quelques secondes de gros bidon, durant sa pause bébé.
Cédric Klapisch nous fait découvrir Aurélie durant ses répétitions, avec ses angoisses, son stress, ses douleurs, son entraînement poussé à l'extrême. Puis le résultat (parfois l'inverse, le résultat puis la répétition, pour découvrir comment parvenir à une telle perfection). Quatre ballets dont « Le Parc », où elle interprète Constance (joli prénom). Trois années de la vie d'une étoile.
Autant la danse classique pure et dure ne me fait rien. Rien de rien. Bon, la musique me touche de plus en plus, surtout depuis que j'apprends à pianoter un tantinet, mais voir les danseuses en tutu bien raide, cheveux tirés au maximum, se déplacer avec grâce sur leurs pointes, ça ne me fait rien. Nada. Niente. J'en peux rien c'est ainsi. Trop sec. Trop dur. Donc, disais-je, autant le classique pur et dur ne me fait rien, autant j'ai été touchée bien plus que je ne le l'espérais par « Le Parc », ballet contemporain (Angelin Preljocaj). La fluidité des vêtements, leur blancheur totalement pure qui symbolise la perfection des mouvements (enfin pour moi). La douceur des mouvements, tout de légèreté et de passion. Les expressions des visages des danseurs, totalement habités par leur rôle. Les cheveux fous. Et ce baiser qui les emmène dans un mouvement qui semble infini. Infini. Cette danse d'amour est d'un érotisme fou. D'une sensualité totale. Ça m'a fait un truc. Un vrai sacré gros truc. Et la musique, ce piano qui va piano (ah ah ah), puis qui est rejoint par les cordes, au fur et à mesure de la danse. Rhaaaaa. Un vrai moment de bonheur. Un moment de grâce, qui fait que la vit vaut d'être vécue. Car voir une telle scène, déjà à la TV, ça m'a dressé les poils. Mais alors je n'ose imaginer ce que j'aurais ressenti en « vrai de vrai ».
Franchement, je ne m'en remets pas...
Du pur orgasme.
On a toutes rêvé un jour d'être danseuse (enfin moi j'ai rêvé d'être danseuse, pianiste, violoniste, écrivaine et dessinatrice, c'est dire si l'artistique m'a toujours passionnée, mais de loin, de super loin, sans me mouiller, sans me lancer, sans rien tenter), et découvrir ce rêve devenu réalité, découvrir cela via un film tout en pudeur et en émotion, c'était du pur orgasme, je ne peux vous dire que ça.
C'était sur France 3.
Cette musique rhaaaaa, c'est du Mozart. Trop beau. Surtout le tout début, quand les cordes se mettent en mouvement, rhaaaaaaa. Ça prend aux tripes et à la gorge. Je vous l'ai trouvée ici : http://www.passee-des-arts.over-blog.com/article-30902485.html. Le texte du blogueur, un certain Jean-Christophe apparemment, est sublime aussi... et je me permets de lui en emprunter un extrait :
« Le mystère de l'éclosion d'un adagio aussi mélancolique, malgré les quelques touches lumineuses qui viennent l'éclairer çà et là, demeure donc assez inexplicable. Je suis, pour ma part, enclin à y deviner une expression de l'état si particulier d'abattement profond mêlé d'indicible excitation qui préside, sans que l'on en ait forcément clairement conscience, aux moments de bascule d'une existence. Bien que marqué par la griffure des revers, on accorde cependant encore suffisamment de confiance à l'avenir pour pouvoir chanter quand même, d'une voix par instants enrouée d'angoisse au point qu'elle se brise en murmure, mais qui ne se résigne pas à cesser d'y croire. Les nuées peuvent menacer, les poings se serrer, les larmes couler, même si l'on sent sinuer au fond de soi une tristesse et une solitude absolument indicibles, il reste toujours assez d'espoir pour avancer malgré les vents contraires. »
C'est superbement écrit non ? Angoissant à lire, aussi, comme si ceux qui se prenaient de passion pour ce morceau jusqu'alors inconnu d'eux (savoir bibi) passaient ou allaient passer par cet état... Angoissant aussi, dans les commentaires, de lire que le blogueur doit dessiner pour exorciser le morceau qu'il a en tête... ça me rappelle ce moment où j'ai moi aussi eu un morceau classique (et connu), dont j'ignorais le nom, pour la toute première fois de ma vie, en tête, et ce durant des heures et des heures. Après enquête, c'était « que ma joie demeure » et je n'ai pu m'en défaire qu'après l'avoir reconnu et joué (comme je pouvais, mais maintenant je parviens à jouer la version hyper débutante). Le hasard a fait que ce titre collait totalement à mon état d'esprit. J'en viens à me demander si l'apprentissage du piano est vraiment bon pour mon état mental...
Et puis je vous ai filmé la scène avec Aurélie Dupont, sur ma super TV datant de 1654. Son et image merdiques à fond, mais ça vous donnera une toute petite idée...
Le parc - Aurélie Dupont - Angelin Preljocaj
envoyé par anaisvalente. - Films courts et animations.