"Le dimanche, on lit au lit"
Je me dois d'être honnête avec vous, lorsque j'ai vu la couverture jaune pétant de cet ouvrage, ses dessins indiens et son titre, je me suis dit « c'est quoi ce truc ? »
Je savais que ça parlait d'une agence matrimoniale, mais rien de plus. Et en palpant le livre, je n'étais pas vraiment tentée, mais vraiment pas. Moi, je lis des trucs aux couvertures roses, des trucs pour filles, ou des thrillers, ou du Guillaume Musso, ou des trucs rigolos, mais Le bureau de mariage de M. Ali, ben ça je lis pas, oh que non.
Puis j'ai lu, of course.
Et j'ai adoré. Dès la première page.
Bien sûr, c'est hyper dépaysant, mais sans tomber dans les descriptions longues de la vie indienne et du paysage. Heureusement, je déteste les descriptions sans fin et soporifique. Puis ça donne un bon aperçu de la vie en Inde, des traditions parfois incroyables, surtout en matière d'amour. Enfin d'amour... façon de parler.
Donc, Monsieur Ali crée son agence matrimoniale. Et d'amour, il n'est point question. Car ici, c'est pas comme chez nous « Anaïs cherche l'amour, le grand, le vrai, celui qui bouleverse, même âge ou plus, goûts communs si possible, et coup de foudre indispensable », non, chez Monsieur Ali, c'est plutôt « Ramanujam, médecin chirurgien de 28 ans, fortune de cinq crores (5 millions de roupies), de la caste Brahmane Vaishnava, envoyé par sa mère et sa sœur, se cherche une épouse, même caste, même niveau, qui ne travaillera plus après le mariage, dot de minimum un crore, grande, mince, peau claire, cultivée, même caste, même milieu ». Et l'amour dans tout ça ? Ben l'amour, ça vient après le mariage. Enfin, quelle question.
Vous l'aurez compris, Monsieur Ali, son agence, c'est pour les mariages arrangés. Et on peut dire que là-bas, c'est strict de chez strict, tradition de chez tradition.
Je ne vous en dirai pas plus, car cet ouvrage regorge d'informations passionnantes qui permettent de découvrir la vie et les mariages indiens, où les castes, la religion, les dots et les traditions pèsent parfois lourdement sur les jeunes filles à marier. Elles en bavent, parfois...
Ce livre est pourtant drôle et touchant, surtout lorsque Monsieur Ali engage Aruna, jeune fille qui bosse pour aider sa famille peu fortunée et qui va l'aider à faire prospérer son affaire bien au-delà de ses espérances.
Et quand on s'appelle Aruna, qu'on est indienne, jeune, jolie et non mariée, est-il vraiment possible de travailler dans un bureau de mariage sans risquer de vivre ce que toute jeune indienne se doit de refuser impérativement, car c'est bien sûr malvenu... j'ai nommé l'amour...
Un livre exotique, parfois rigolo, parfois stupéfiant et toujours émouvant. A découvrir, même s'il sort des sentiers battus, d'autant que la suite est en cours de rédaction, vu le joli succès rencontré (et mérité). Et ça m réjouit vachement.
On dit de ce livre qu'il est une version moderne (et indienne) d'Orgueil et Préjugés, et durant ma lecture j'ai compris pourquoi. En Inde, même de nos jours, on se croirait, en matière de mariage, à la même époque que celle d'Orgueil et Préjugés... Avec les mêmes contraintes, mais aussi les mêmes envies...