HYMNE de Prudence sur le Jeûne (4) (vendredi)
Puissions-nous, ô Christ ! ô Maître de la doctrine sacrée! imiter selon nos forces l'exemple que tu donnas à tes disciples, afin que, victorieuse des appétits brutaux, notre âme, devenue maîtresse, triomphe dans tout son empire.
C'est là ce que nous envie la noire jalousie de notre adversaire ; c'est là ce qui plaît au Maître souverain de la terre et des cieux, ce qui rend propice l'autel mystérieux, ce qui réveille la foi d'un cœur qui s'endormait, ce qui enlève la rouille d une âme languissante.
Comme la flamme s'éteint sous les eaux qu'elle rencontre, comme la neige se fond sous un ardent soleil; ainsi la triste moisson de nos péchés s'anéantit broyée par le jeûne sacré, quand l'aumône vient y joindre sa bienveillance.
Car c'est aussi une grande œuvre de vertu de couvrir celui qui est nu, de repaître l'indigent, de porter aux suppliants un bienfaisant secours, de reconnaître une seule et même destinée humaine entre le pauvre et le puissant.
Assez heureux est celui qui, ravissant la vraie gloire, étend sa main droite pour prodiguer l'argent, tandis que sa main gauche ignore ce bienfait. Un trésor éternel est là pour le dédommager; il prête, et ce qu'il avance lui rendra au centuple.