Traîtresse de lucidité

Publié le 18 février 2010 par Acidbubbles

J’ai compris. Alcool aidant, j’en conviens. Depuis presque deux ans, ma vie est un ramassis de trous béants. Une superposition de putain de rustines de merde. Je passe mon temps à compenser, puis à surcompenser, et ainsi de suite. Je suis une succession de surenchères mal léchées, n’aspirant qu’à donner l’impression permanente que je suis le maître de mon tout petit univers. Je passe mon temps à me pousser à bout, sans cesse. Dans tous les domaines. Tant que je parvenais à gravir les glorieuses marches de mon empire imaginaire, tout allait bien. Mais de plus en plus, je sens le seuil de retournement me taper sur l’épaule. Lorsque je regarde au plus profond de moi-même, je suis le maître du monde. Lorsque je jette un coup d’œil au dehors, je ne suis plus grand chose.

Je suis au sommet de ma tour d’ivoire. Les humoristes ne me font pas rire. L’amour qu’on m’offre m’étouffe tantôt, me fait vomir souvent. Les loisirs m’ennuient. Le boulot… Bref.

Le seul truc qui me fasse encore de l’effet est l’ensemble des stimuli et autres réactions chimiques susceptibles de me faire décrocher un simulacre de sourire le temps d’une heure ou deux.

Alors je l’écris sans avoir honte. Ce soir, je me retourne sur tout ce qui s’est passé depuis deux ans. Et je verse une larme, fatigué de m’être infligé un tel orgueil, rongé de l’intérieur pour n’avoir rien su dire, laisser transparaître, ou exprimer encore autrement que par des mots. C’est nerveux, ça fait chier, et je chie sur ma fragilité, ce soir. Tant pis, demain matin je me mettrai probablement une gifle. J’ai l’impression d’être un sale gosse paumé. Ce soir rien ne va, et c’est bien fait pour ma gueule. Je n’avais qu’à me retourner bien plus tôt.

Postera ce billet ? Postera pas ?

 
Illustration: Flickr - Rob44now