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« Adam ! S’écria Alissa avec bonheur. Enfin, te voilà ! »
Il cligna de l’œil avec malice et s’agenouillant auprès de France qui ouvrait péniblement les paupières, visiblement à bout, renversa sur le sol tout le contenu de son sac.
« Oh ! »
Alissa ouvrit de grands yeux, stupéfaite : fromages, miches de pain, jambons, saucissons, fruits multicolores… France parut aussi étonnée. Elle interrogea son frère des yeux : mais comment se trouvait-il en possession d’un tel étalage ? Adam se mit à rire et raconta. Alissa dansa de joie et lui donna une grande tape sur l’épaule :
« Bien joué, Adam ! Tu es formidable ! »
Elle rayonnait comme un soleil sous la masse de ses cheveux blonds. Adam eut un large sourire, heureux. Il croisa le regard de l’aînée. Douceur et affection, fierté et confiance, peut-être aussi soulagement et reconnaissance... Adam n’aurait jamais cru en voir autant au fond de ce noir intense. Emu, il prit une pomme, la plaça dans la main de sa sœur et l’aida tendrement à la porter à sa bouche.
« Mange… »
Une larme glissa le long de la joue de l’enfant blessée quand elle mordit avec délice dans la chair tendre et que le jus sucré coula au fond de sa gorge asséchée. Adam l’effaça gentiment d’un doigt tremblant :
« Non, pas ça, pas toi… Tu vas guérir. Je te jure que tu vas guérir. Je suis là. Je serai toujours là. »
France inclina légèrement la tête. Ils se sourirent...
Adam n’eut pas toujours la main aussi chanceuse et un soir revint dans la maison délabrée bredouille. Quand Alissa, toute en joie comme à chaque fois qu’il rentrait de ses escapades aventureuses, accourut à sa rencontre, il haussa les épaules avec impuissance. Le sourire radieux de la fillette s’évanouit instantanément. Elle hésita un instant, ne sachant comment masquer sa déception, puis lui tourna le dos et partit se réfugier dans un coin pour enfouir son visage dans le creux de ses bras et pleurer silencieusement, contrainte à rester sourde aux grondements de son ventre.
Adam s’approcha de l’aînée à pas lent, accablé. France, ayant repris des forces, était assise, le dos bien callé contre le mur en pierre. Elle devait avoir deviné car quand il osa la regarder, elle semblait particulièrement peinée. Les lèvres d’Adam se mirent à trembler et il s’agenouilla à son côté :
« Je… je n’ai pas pu… France, pardon. Je… je… »
Sa voix se brisa. Il la supplia :
« J’ai essayé, tu sais ! Il faut me croire, France… Mais je n’ai pas réussi à trouver quelque chose… »
Elle le dévisageait sans rien dire. Adam joignit les mains entre ses cuisses et abaissa à nouveau la face comme un coupable attendant son châtiment.
« J’ai honte ! Balbutia-t-il, incapable de supporter son silence. J’ai tellement honte, France ! J’ai pourtant fait ce que j’ai pu ! Mais le sort a été contre moi ! J’ai… je… »
Il ne put achever, visiblement effondré. L’aînée se redressa légèrement :
« Pourquoi me demandes-tu pardon, Adam ? » Interrogea-t-elle d’un ton bourru.
Il sursauta et l’observa avec incrédulité. France semblait à la fois agacée et indignée. Ses mâchoires étaient contractées… mais pas par la souffrance.
« Qu’est ce que tu imaginais ? Continua-t-elle assez sèchement. Que tu aurais toujours de la chance ? Pourquoi cherches-tu mon pardon, Adam ?
- Mais… mais vous comptez sur moi, Alissa et toi, bredouilla-t-il, décontenancé.
- Oui, sans nul doute. »
France restait impitoyable et dure.
« Mais si tu as honte de ne rien ramener, c’est que tu penses davantage à ton propre orgueil qu’à nous deux !
- Non ! Non ! Ce… ce n’est pas vrai ! »
Adam, douloureusement frappé, se tordit les mains. Sensible à sa détresse, France se radoucit :
« Je sais que tu as fait ce que tu as pu. Chercher ainsi à t’excuser alors que tu n’as rien à te reprocher me ferait plutôt croire le contraire. Qu’as-tu fait de si mal, Adam, pour demander mon pardon ? »
Songeur, Adam resta une bonne minute à réfléchir à la pertinence de ses mots. Puis son visage s’éclaira comme une trouée de soleil :
« Oh ! France ! Que je suis bête ! S’exclama-t-il. J’ai compris ! Tu n’as pas perdu ta confiance en moi et tu ne la perdras pas, même si je reviens bredouille ! Que je suis bête ! C’est bien ça, hein ? »
France sourit doucement, vaguement amusée.
« Merci ! Chuchota Adam, bouleversé. Oh ! Merci, France ! »
Il ne put résister à se blottir contre elle, retenant avec peine ses larmes de bonheur. Avec une indulgence qu’elle s’étonna de ressentir, France caressa la chevelure dorée qui chatouillait son menton… Puis entendit les pleurs étouffés d’Alissa. A nouveau l’agacement la saisit.
« Cesse de gémir ! Ordonna-t-elle. Tu entends, Alissa ? Cesse de te plaindre sans arrêt, ça ne sert à rien ! »
Alissa tressaillit. Elle se releva et vint également s’agenouiller près d’elle, les yeux larmoyants.
« J’ai… J’ai faim, France…
- Nous avons tous faim, Alissa, tous ! »
L’aînée était particulièrement furieuse à cet instant, dardant sur elle un regard glacial. Elle a repris du poil de la bête ! Songea furtivement Alissa avec amertume avant de détourner la tête et se mettre à trembler, désespérée d’être affamée, désespérée d’avoir de telles pensées. Compréhensif, Adam passa un bras autour de ses épaules. Elle pencha le corps vers lui, brûlant du besoin de se faire cajoler.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble