Magazine Journal intime

Mosselman

Publié le 08 mars 2010 par Anaïs Valente

Il m'a proposé d'aller manger des moules.  Super initiative.  J'adore les moules.  Et surtout les frites qui vont avec.  Sans oublier la mayonnaise, car tout belge sait qu'une frite belge ne serait pas une frite belge sans la dose de mayonnaise qui la recouvre presque.

J'aurais encore préféré que nous allions manger ces moules en bord de mer.  A la mer du Nord ou, soyons fous, au Cap Gris Nez, où les moules sont plus petites, mais tellement plus savoureuses.

Mais il est temps de grandir et de cesser de prendre mes rêves pour la réalité : nous irons manger des moules près de la Meuse, c'est déjà ça.

J'ignore si vous avez été, il y a quelques années, tout comme moi, fan d'Ally Mac Beal.  Pour ma part, c'est une série qui m'a fait beaucoup rire, sans doute car je me retrouvais dans le personnage.  Je me suis d'ailleurs offert l'intégrale il y a quelques mois, que je n'ai pas encore eu l'occasion de regarder.  Va falloir y songer.

Il y a une scène d'Ally Mac Beal que je n'oublierais jamais.  Elle est invitée au restaurant par un homme séduisant, doté d'un bon sens de l'humour et intelligent.  Je la sens qui fantasme déjà.  Ils dégustent une salade.  A la première bouchée qu'il avale, une grosse coulée de vinaigrette dégringole de sa lèvre et il semble ne pas s'en apercevoir.  Ally lui fait un signe discret et il s'essuie.  La soirée continue.  Seconde bouchée, rebelote.  Ally commence à s'interroger sur cet homme incapable de manger correctement.  A nouveau, elle lui signale que la vinaigrette stagne sur son menton.  Troisième bouchée, itou.  Ally perd alors définitivement espoir que ce repas puisse aboutir sur la moindre relation et se met à visualiser cet homme totalement enduit de vinaigrette, du sommet du crâne au cou, une vinaigrette gluante, glaireuse, verdâtre, qui coule en permanence sur le visage méconnaissable de cet homme d'un coup plus séduisant pour un sou.

Et bien cette vision d'horreur, je l'ai eue durant tout mon repas avec Mosselman, et j'ai dû lutter à de nombreuses reprises contre un fou rire qui me titillait les zygomatiques.

D'abord, Mosselman est incapable de manger correctement des moules.  Moi on m'a appris que les moules se mangent soit en les extirpant de leur coquille avec la fourchette, soit avec l'aide d'une coquille vide dont on se sert telle une pince.  Mosselman, il mange ses moules avec les doigts, comme les frites.  Autant pour les frites, le geste reste gracieux, autant pour les moules, voir ses doigts boudinés tenter d'attraper de grosses moules molles, les tirer vigoureusement de leur coquille et les enfourner dans une bouche grande ouverte, me donne la nausée.  D'autant qu'à chaque fois que la moule se détache de la coquille, elle pendouille lamentablement et laisse échapper un petit bruit sourd et mouillé.

Mais il y a pire : comme il mange ses moules avec les doigts, ceux-ci sont rapidement couverts de bouts d'oignon et de céleri.  Je ne parviens rapidement plus à détacher mon regard de ces doigts à la fois gras des frites, et plein de morceaux de légumes que Mosselman ne semble pas avoir envie de happer avec ses lèvres. 

Enfin, un énorme bout de persil semble s'être coincé entre ses incisives et ne pas vouloir s'en échapper. 

Mon regard oscille dès lors entre les doigts aux oignons et céleri et les dents au persil.

Plus moyen de me concentrer sur notre conversation, dont j'ai d'ailleurs oublié les tenants et les aboutissants.

Impossible de ne pas repenser à cette scène d'Ally Mac Beal, et d'imaginer Mosselman enseveli sous des kilos d'oignons cuits et de céleri, le tout arrosé de mayonnaise bien liquide bien grasse.

Je me mets ensuite à imaginer qu'il tente de m'embrasser et de me refiler son bout de persil, tout en me caressant doucement les épaules de ses mains transformées en légumes...

Aaaargh, décidément, manger des moules n'a parfois vraiment rien de romantique.

(Illu dont je n'ai pas trouvé la source, si quelqu'un sait, je l'indiquerai volontiers...)

mosselman



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