Les Vanupieds (32)

Publié le 09 mars 2010 par Plume
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France resta longtemps silencieuse, fixant sa cheville blessée. Puis ses sourcils se plissèrent :

« Comment est la ville, Adam ? Demanda-t-elle à son frère.

-   Moche ! Répondit-il. C’est sale, ça pue. Les gens sont arrogants et méprisants, ils se battent et ne pensent qu’à se massacrer entre eux. Ce n’est pas une ville bien.

-   Nous en partirons bientôt. » Annonça France.

Adam et Alissa eurent le même élan de surprise.

« C’est vrai ? »

L’aînée hocha la tête avec conviction.

« Je crois que je pourrai marcher d’ici quelques jours. Je ne sens presque plus ma jambe. Je ne sais pas si c’est bon signe, possible que les baumes ont été efficaces, mais si je reste allongée, je n’en saurai pas davantage. Il faut essayer.

-  Oh ! »

Alissa poussa un cri de joie :

« Oh ! C’est merveilleux !

-   Mais tu es sûre au moins, France ? S’inquiéta Adam.

-   Nous verrons ! Répondit France simplement. Tu me fabriqueras une béquille, Adam.

-   Oui, France. Je suis content, si tu savais comme je suis content ! »

Béate de soulagement, Alissa s’assit sur une grosse pierre, seul mobilier de leur refuge.

« Alors tu vas mieux ? Oh ! C’est fantastique ! Je vais pouvoir me promener dans la ville…

-   Il n’en est pas question ! »

La voix de France avait cinglé entre eux comme un coup de fouet. Effrayée, Alissa sursauta et se tourna vers elle. Le regard de l’aînée était terrifiant. Pourtant Alissa se risqua à demander, le cœur battant :

« Mais pourquoi ?

-   Parce que c’est non, Alissa. Je te l’interdis ! »

Sur le moment, Alissa fut particulièrement interloquée par la rudesse inexplicable de la réponse… puis elle rougit de colère :

« Tu ne peux pas me l’interdire ! Adam sort bien, lui ! Alors pourquoi pas moi ?

-   Adam est bien plus grand que toi, dit France d’un ton ferme, et c’est un garçon débrouillard qui a l’habitude.

-   Ce n’est pas une explication ! S’offusqua Alissa. Tu ne m’empêcheras pas de sortir de ce taudis ! J’en ai marre, moi, de rester ici sans rien faire !

-   Je t’ai dit non, Alissa !

-   Mais pourquoi ? Cria Alissa en tapant du pied, envahie par la rage.

-   Cette ville est dangereuse. Ce n’est pourtant pas difficile à comprendre ça !

-   C’est une ville comme toutes les villes, comme la notre ! Et que je sache, il ne m’est jamais rien arrivé chez nous !

-   Oui, parce que tu la connaissais dans ces moindres recoins. Nous y sommes nés. Ce n’est pas le cas de celle-ci. Tu resteras ici, un point c’est tout.

-   C’est ridicule ! Je suis toute aussi capable qu’Adam à m’y retrouver ! Mais tu n’as pas confiance en moi ! Tu n’as jamais eu confiance en moi ! Je te prouverai que je ne suis pas une petite fille stupide !

-   Alissa, intervint Adam avec douceur, France a raison. Cette ville est trop dangereuse pour toi.

-   Alors toi aussi tu es contre moi ? Rugit Alissa, en serrant les poings avec férocité.

-   Mais pas du tout ! S’exclama-t-il. Je ne suis pas contre toi, Alissa. Je te dis juste que France a raison. Allons, sois raisonnable… »

Alissa le toisa avec mépris :

« De toute façon ça m’aurait étonnée que tu ne sois pas d’accord avec elle !

-   Ne sois pas méchante ! Soupira Adam. Nous ne pensons qu’à ton bien.

-   Mon bien ? Alors que vous êtes toujours contre moi ? »

Elle se tourna brutalement vers sa sœur dont les yeux s’assombrissant singulièrement ne laissaient présager rien de bon :

« Mais je sortirai si j’en ai envie ! Lui cria-t-elle au visage. Et tu ne m’en empêcheras pas ! »

La réponse fut immédiate. La main de France partit la gifler violement, interrompant net le libre court de son impertinence.

« En voilà assez ! Tu restes ici, que ça te plaise ou non ! Gronda-t-elle, à bout de patience. J’en ai assez que tu t’opposes toujours à mes décisions, Alissa ! Sache que non, en effet, je ne te fais pas confiance, et cela parce que tu ne fais rien pour la mériter, rien ! Tu n’es qu’une petite sotte égoïste. Si je te dis de ne pas sortir, c’est que j’ai de bonnes raisons pour cela. Alors tu vas m’obéir, tu as compris ? »

Alissa la fixa avec animosité, tremblante de fureur :

« Je te déteste ! Sanglota-t-elle en se frottant la joue, tu entends ? Je te déteste !

-   Assez, j’ai dit ! » Hurla France, perdant son sang froid.

Furieuse, elle fit un mouvement malencontreux qui déclencha aussitôt une douleur fulgurante dans toute sa jambe. Un cri étranglé s’échappa de ses lèvres. Avant qu’elle n’ait pu reprendre ses esprits, une poussée plus virulente encore la souleva littéralement du sol et la rejeta en arrière, la respiration coupée.

« France ! » appela Adam, affolé.

Il attrapa ses épaules et France, livide, s’agrippa à lui, les yeux exorbités.

« France ! Gémit Adam. France ! »