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Yeah, I'm a legend. You know, they call me the cautionary whale

Publié le 09 mars 2010 par Cccil

Le premier, mais pas moins le plus crucial : celui où vous passez de " jeune fille " à " mademoiselle " chez le boulanger. On devrait d'ailleurs expliquer à toute boulangère (car c'est généralement une boulangère et pas un boulanger derrière la caisse... va comprendre) on devrait donc expliquer à toute boulangère qui se respecte l'importance de sa contribution au développement psychologique de milliers de jeunes filles en fleur. Germaine, la mèche grasse et l'œil torve, userait ainsi avec moins de légèreté baguenaude de petits sobriquets, certes, charmants, mais un poil déstabilisant auprès de sa clientèle pré-pubère (ma petite, ma mignonne, la miss, et toi qu'est-ce que tu veux - quand Germaine s'est levé du mauvais pied elle est loin d'être commode la bougresse- pour ne citer que ceux là)

La deuxième grande transition, suite logique de la première, vient lorsqu'on vous donne du " madame ". Et là où généralement la première étape est source de petits cris enthousiastes et d'une certaine fierté dans l'œil difficilement dissimulée, en ce concerne le deuxième c'est plutôt l'abattement.

S'en suit alors en général la triste période de la découverte du premier cheveu blanc, puis de la première ridule entrainant dans une panique totale l'achat compulsif de la première crème de nuit anti-ride, du sérum anti âge régénérant, du masque peeling new skin, du lait confort protecteur démaquillant, du fard coup de boost repulpeur redensifieur à la pousse de tapioca d'outre mer et à l'extrait de bouse de vache du Kirministan (bien connues pour leurs propriétés ... heu... on ne sait pas vraiment lesquels mais, ce qui est sûr, c'est que ça multiplie le prix par 3), de la lotion réveil moistering à la DNA réparatrice, ainsi que d'un gloss pumpy-pulpy qui fait la lèvre rose et brillante (rien à voir, mais tant qu'on y est, hein !). Les vendeuses de chez Séphora sont d'ailleurs, je pense, spécialement entrainées dans des camps spécialisés et tenus secret, à repérer chez n'importe quelle personne franchissant les portes de leur magasin, cette petite lueur affolée au fond de l'œil, faisant de vous une proie facile et extrêmement bankable. En d'autres termes, une bonne grosse vache à lait.

Et finalement... cet âge fatidique arrive...

Celui où vous voyez des bébés partout !

Vos amies se mettent à enfler du ballon, vos parents commencent à vous expliquer plus ou moins subtilement que Nanou, ça leur plairait bien comme petit nom et que très bientôt, ça tombe bien dis-donc, ils auront plein de temps à consacrer à une éventuelle future progéniture (venant de vous bien sûr... eux c'est un peu mort ! Enfin j'espère... o_O). Vos collègues de bureau femelles se mettent toutes en congés maternités, quand aux mâles ils adoptent des yeux cernés et des mines satisfaites (ainsi qu'une vieille odeur de vomi tenace) de l'homme épanoui et moderne qui participe à la maison et qui est en train de vivre " un truc, mec, que tu imagines pas à quel point ça change ta vision des choses et tes priorités avant de l'avoir vécu ". Votre patron quand à lui vous regarde le bidou en biais chaque jour que dieu fait, et vous lance un regard noir les lendemain d'agapes, avant de s'en aller en maugréant un galimatias incompréhensible mais selon toute vraisemblance passablement contrarié.

Vous voilà devenu un ventre, une paire d'ovaire sur patte, une outre à hormone attendant la petite graine.

La société attend de vous que vous vous mettiez à procréer, toute persuadée qu'elle est que vous rêvez la nuit d'avoir des nausées, la vessie qui fuie, un mal aux dos incessant, le ventre comme une planète, 10 kg en trop, les seins qui pètent, le vagin en choucroute, un morveux qui vous hurle non stop à 120 décibel dans les oreilles, les mains dans le caca en permanence, le soutif qui sent le fromage, le T-shirt le vomi, plus de vie intime, plus de sorties, plus de voyage, plus d'ami, plus de discussion avec des mots de plus de 2 syllabes, une mise au placard au boulot, les samedi au match de foot, les mercredi à aux répétitions de danse, les nuits sans dormir à attendre, culpabiliser sur ce qu'on a mal fait, ce qu'on a pas fait, se faire reprocher tout mais surtout son contraire et s'inquiéter, s'inquiéter, s'inquiéter tous les jours que dieu fait pour finalement, en dernier recourt, mourir de vieillesse et d'épuisement abandonné dans un mouroir pour vieux par ces petits morveux (comment ça, je suis un brin dramatique, moi ?)

Maman, ne te suicide pas tout de suite, je ne suis pas anti-bébé.

Parce qu'en vrai il y a l'âge ou on vous appelle mademoiselle... mais surtout, il y a l'âge où on se sent mademoiselle, puis madame, l'âge où on se sent vieille, et l'âge où on se sent prête à devenir mère.

Et ça... c'est un tout autre problème...

Yeah, I'm a legend. You know, they call me the cautionary whale

You know, babies have fingernails.


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